Antibiotiques : la vente à l'unité réduit de 10% les volumes délivrés
La vente d'antibiotiques à l'unité pourrait conduire à une réduction de l'automédicamentation, une meilleure observance et à une baisse de 10% des volumes délivrés selon une étude publiée dans la revue Plos One.
La vente d'antibiotiques à l'unité permet de réduire de 10% les volumes délivrés aux patients, tout en favorisant une meilleure observance des traitements, selon les résultats d'une expérimentation commandée par le ministère de la Santé. Ses résultats, dévoilés en septembre par la revue scientifique américaine PLOS ONE, "en toute discrétion", comme l'a noté vendredi 29 septembre le Quotidien du pharmacien sur son site internet, confirment les avantages économiques, environnementaux et sanitaires de la dispensation à l'unité.
Conduite de novembre 2014 à novembre 2015 dans cent pharmacies de quatre régions (Ile-de-France, Limousin, Lorraine, Provence-Alpes-Côtes-d'Azur), sous l'égide de l'Inserm, l'expérimentation portait sur quatorze antibiotiques et leurs génériques. Elle avait été annoncée par le précédent gouvernement dans le but de réaliser des économies et lutter contre le mauvais usage des médicaments, en particulier des antibiotiques, leur surconsommation favorisant l'antibiorésistance.
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Sur les quelque 1.185 patients ayant accepté de participer à l'enquête, 907 ont expérimenté ce type de dispensation (testée dans 75 pharmacies), les 278 autres ayant reçu des boîtes traditionnelles (dans les 25 autres pharmacies). Dans 60% des cas de vente à l'unité, le conditionnement initial ne coïncidait pas avec la prescription. Et la distribution du nombre exact de comprimés nécessaires au traitement a permis de réduire de 9,9% le nombre de médicaments délivrés et remboursés par la sécurité sociale (à 20 en moyenne) par rapport aux volumes délivrés avec les boîtes traditionnelles (23 en moyenne).
La dispensation à l'unité pourrait réduire l'automédication
La dispensation à l'unité pourrait réduire l'automédication de 1,9%, calculent les auteurs : parmi les répondants, 17,6% ont indiqué vouloir garder leurs antibiotiques non consommés, 10,7% qu'ils pourraient les utiliser sans le consentement d'un médecin. Un peu plus de 13% des sondés déclarent en outre avoir tendance à jeter les médicaments restants au détriment du recyclage.
Autre enseignement, celui-là "inattendu" : la dispensation à l'unité semble contribuer à un meilleur suivi des traitements : sur 984 répondants, 91,4% des patients ayant profité de ce procédé ont été "observants", contre 65,6% des patients de l'autre groupe.
La généralisation de la vente à l'unité aurait un coût
La généralisation de la vente à l'unité aurait un coût (charge de travail accrue pour les pharmaciens, modifications imposées aux industriels), non évalué par l'étude, reconnaissent ses auteurs. Mais elle devrait permettre assez d'économies pour financer des compensations aux parties prenantes, font-ils valoir.
Si cette mesure, promise pendant la campagne par Emmanuel Macron, "intéresse tout le monde", elle est "en fait assez complexe", a expliqué la ministre de la Santé Agnès Buzyn, la semaine dernière sur BFM TV. "Quand vous vendez les médicaments à l'unité vous perdez en fait la traçabilité de la boîte et donc il y a des risques pour les malades", a-t-elle expliqué, se disant toutefois "favorable" à tout ce qui permettrait des "bénéfices" pour la Sécu et d'éviter la "gabegie".
Contacté par l'AFP, le ministère de la Santé a précisé qu'il n'avait pas "officialisé" les résultats de l'expérimentation dans l'attente d'un rapport parlementaire sur le sujet, prévu prochainement.