Antibiorésistance : faut-il limiter la durée de prescription des antibiotiques ?
L'antibiorésistance est à l'origine de 25.000 décès par an en Europe. Pour contrer ce phénomène, des médecins étudient sérieusement la possibilité de raccourcir les durées de prescription des antibiotiques.
Depuis 2010 en France, la consommation d'antibiotiques est repartie à la hausse. Ce phénomène est inquiétant car l'utilisation excessive de ces médicaments est responsable de la résistance des bactéries. Pour réduire ce risque d'antibiorésistance (à l'origine de 25.000 morts par an en Europe), une des pistes actuellement suivie est de prescrire les antibiotiques moins longtemps.
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Limiter la durée de prescription
Neuf jours, c'est la durée moyenne de prescription d'antibiotiques en France. Raccourcir la durée des traitements est actuellement une piste de réflexion pour lutter contre l'antibiorésistance. A l'hôpital Raymond Poincaré de Garches, des médecins traquent les patients encore sous antibiotiques au bout de sept jours. Selon de récentes études, si les symptômes ont disparu, il n'est pas nécessaire de prolonger le traitement au-delà de cette limite.
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Les traitements antibiotiques trop longs sont l'un des principaux facteurs de l'antibiorésistance : "La bactérie va s'adapter et va savoir qu'il y a un antibiotique. Et donc va créer de la résistance aux antibiotiques. C'est un phénomène naturel, on oublie que les bactéries sont des organismes vivants et elles ont cette capacité à résister et donc à modifier leur génome pour s'adapter. Si on prend trop d'antibiotiques, on tue les bactéries saines", explique le Dr Benjamin Davido, infectiologue.
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La lutte contre l'antibiorésistance, une priorité de santé publique
L'arrêt des antibiotiques en cas de prescription trop longue peut permettre aux patients de ne plus subir leurs effets secondaires. A plus long terme, cette stratégie doit surtout apporter un bénéfice collectif : "La situation est extrêmement urgente, confie le Dr Davido, l'objectif de l'OMS est de régler l'antibiorésistance d'ici 2030, ce qui paraît assez illusoire. On n'a plus de nouveaux antibiotiques et on a très peu d'alternatives aux antibiotiques, elles sont en cours d'expérimentation. Et si en 2030, on est face à cette résistance aux antibiotiques quasi-totale, la situation sera dramatique pour les patients", redoute l'infectiologue.
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Cette prise de conscience doit aussi avoir lieu chez les médecins généralistes en ville, grands prescripteurs d'antibiotiques. Si rien ne change, en 2050, l'antibiorésistance pourrait faire jusqu'à dix millions de victimes par an.