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Un antidépresseur... en spray

L’agence américaine du médicament vient d’approuver la commercialisation de la molécule d’eskétamine, sous forme de spray nasal.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
L'eskétamine permettrait de combattre les pensées suicidaires © Janssen

"C'est une évolution majeure dans le traitement de la dépression", a réagi auprès de l'AFP le Dr Pierre de Maricourt, chef de service de l'hôpital Sainte-Anne à Paris. Ce psychiatre, qui a participé à des essais cliniques concernant l'eskétamine, est heureux de la commercialisation de la molécule aux Etats-Unis. Ce traitement, destiné aux patients atteints de dépression résistante aux médicaments classiques - un tiers des dépressifs - vient d’être approuvé par la FDA, l’agence américaine du médicament. Sa particularité : il se présente sous la forme de spray nasal. Selon le laboratoire qui le produit, sa molécule permet de combattre les pensées suicidaires.

L'eskétamine agit bien plus vite que les autres anti-dépresseurs

Le médicament sera vendu sous le nom de Spravato. Il est produit par le laboratoire Janssen, qui regroupe les activités pharmaceutiques de Johnson & Johnson. La dernière avancée notable en matière de traitement de la dépression était la commercialisation du Prozac, il y a une trentaine d'années. L'eskétamine agit au bout de quelques jours seulement, plus vite que la plupart des autres anti-dépresseurs, qui peuvent mettre plusieurs semaines avant de faire effet.

Mais la commercialisation du Spravato suscite quelques craintes. Parmi elles, ses effets euphorisants : la kétamine, parfois surnommée "Special K" ou Kit Kat, est utilisée comme une drogue qui intensifie les perceptions sensorielles. Elle peut également provoquer un sentiment de dissociation. Selon Janssen, cet effet a été observé pendant les tests cliniques moins d'une heure après la prise du médicament, mais il s’est dissipé le jour-même. Le laboratoire affirme par ailleurs que le risque d'addiction ne s'est pas concrétisé lors des essais cliniques.

Un traitement sous délivrance hospitalière

A cause des effets secondaires néanmoins, ce traitement, à inhaler une ou deux fois par semaine, sera "à délivrance hospitalière en raison de la nécessité d'une surveillance du patient dans l'heure qui suit l'administration" affirme le Dr de Maricourt. Les patients ne pourront donc pas inhaler leur spray chez eux.

Le Spravato pourrait d’ailleurs bientôt débarquer en Europe : Janssen a en effet déposé une demande de mise sur le marché auprès de l'Agence européenne des médicaments en octobre 2018.

Kim Witczak, qui représente les consommateurs dans le panel de la FDA, a néanmoins voté contre la commercialisation du Spravato. Elle dénonce en effet les effets indésirables de plusieurs anti-dépresseurs depuis la mort de son mari. Selon elle, Janssen "a précipité la mise sur le marché de l'eskétamine sous forme de spray nasal". "Je ne peux pas voter pour quelque chose dont les bénéfices ne compensent pas largement et de façon démontrable les risques potentiels, comme la sédation, la dissociation ou la perte de cognition ou de mémoire, en particulier au regard des résultats cliniques extrêmement limités", a-t-elle poursuivi.

"Chaque année, près de 800.000 personnes meurent en se suicidant"

Près de 300 millions de personnes dans le monde souffrent de dépression, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La gravité de cette maladie mentale, souvent confondue avec une déprime passagère, est parfois sous-estimée. Elle peut pourtant mener au suicide. "Chaque année, près de 800.000 personnes meurent en se suicidant. Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-29 ans", indique l'OMS sur la page consacrée à la maladie. Moins de la moitié des personnes malades bénéficient des traitements adéquats, ajoute l’agence.

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