Cannabis médical : début des premières consultations
Les premières consultations pour inclure des patients dans l'expérimentation du cannabis médical auront lieu "dans quelques jours", annonce l'Agence du médicament. Cet essai durera deux ans et concernera 3.000 patients.
Les expérimentations, c’est pour bientôt ! L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) annonce ce 4 mars que les premières consultations visant à inclure des patients dans les essais du cannabis thérapeutique vont débuter d’ici "quelques jours", dans les 200 centres de référence sélectionnés.
3.000 patients pendant deux ans
En pratique, comment ces expérimentations vont-elles se dérouler ? La première consultation se fera obligatoirement dans l'un de ces centres de référence, dont la liste n'a pas encore été rendue publique.
3.000 patients seront recrutés pour ce vaste essai clinique qui durera deux ans. Si l'un des participants interrompt le traitement avant la fin de l’essai, en raison d'une mauvaise tolérance ou d'une mauvaise efficacité, il pourra être remplacé par un autre. L’objectif final est d’évaluer l’utilité et l’efficacité de l’usage médical du cannabis.
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Épilepsie, chimio, sclérose en plaques…
Comment sont recrutés ces participants ? Il s’agit de personnes qui souffrent de maladies graves (certaines formes d'épilepsies, de douleurs neuropathiques, d'effets secondaires de chimiothérapie, de soins palliatifs ou de sclérose en plaques) sur lesquelles le cannabis pourrait avoir un effet.
Ces patients sont soit déjà suivis dans ces services hospitaliers spécialisés, soit adressés par leur médecin traitant. Dans les deux cas, ils ne pourront être sélectionnés que s’ils sont insuffisamment soulagés par les traitements existants ou qu’ils les tolèrent mal.
Dernier point important : "Il y aura la possibilité d'inclure des enfants", selon Nathalie Richard, directrice du projet à l'ANSM. Car "dans certaines situations cliniques, l'utilisation du cannabis médical peut être utile" chez les mineurs.
Cinq consultations longues
Une fois sélectionnés, les patients recevront une ordonnance de 28 jours maximum. Elle pourra être renouvelée par un médecin généraliste, formé et volontaire pour participer au projet. Leur formation et celle des pharmaciens participants a d’ailleurs déjà commencé début mars.
Les patients bénéficieront également de cinq "consultations longues", destinées au "recueil d'éléments médicaux plus poussés" sur la tolérance et l'efficacité des médicaments, précise l'ANSM.
L'expérimentation d’un produit stupéfiant par ailleurs illégal en France sera bien "encadrée et sécurisée", a tenu à rassurer Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale de l'ANSM, dans un point presse.
Huiles, gélules et fleurs séchées
D’un point de vue pratique, les médicaments à base de cannabis testés dans cet essai se présenteront sous forme d'huiles, de gélules et de fleurs séchées à inhaler après vaporisation.
"Nous sommes en train d'importer les médicaments" fournis par les fabricants sélectionnés en janvier, qui seront ensuite "distribués aux différentes pharmacies", a précisé Nathalie Richard, avant d’assurer être "en ordre de marche pour débuter cette expérimentation (...) avant le 31 mars", date fixée par décret.
La France à la traîne ?
Une précision importante car le lancement de cette expérimentation a déjà pris du retard. Le projet approuvé en 2019 par l’Assemblée nationale devait initialement débuter en septembre 2020. Il avait été repoussé à janvier puis mars 2021, en raison notamment des imprévus liés à la gestion de l'épidémie de covid-19.
Le cannabis à usage médical est déjà autorisé dans une trentaine de pays au monde. En Europe, les Pays-Bas en ont été les pionniers dès 2003, suivi depuis par 22 pays de l’Union Européenne.