Cannabis thérapeutique : l'ANSM suggère une expérimentation "d'ici fin 2019"
L'Agence de sécurité du médicament (ANSM) souhaite qu'une expérimentation du cannabis thérapeutique puisse être mise en place avant la fin 2019, dans des conditions à définir, a-t-elle annoncé ce 27 décembre, deux semaines après l'avis positif d'un comité d'experts qu'elle avait mis sur pied.
Le 13 décembre dernier, un comité mis en place par l'ANSM avait jugé "pertinent d'autoriser l'usage du cannabis à visée thérapeutique (...) dans certaines situations cliniques et en cas de soulagement insuffisant ou d'une mauvaise tolérance" des traitements existants.
Dans un communiqué, l'ANSM a déclaré souscrire "aux premières conclusions du groupe d'experts indépendants". Elle juge que "l'accès à l'usage du cannabis à visée thérapeutique devrait faire l'objet dans un premier temps d'une expérimentation", selon des modalités à définir par le groupe d'experts.
Pour cela, cinq réunions du comité d'experts doivent avoir lieu entre le 30 janvier et juin 2019. "L'idée serait que le comité d'experts définisse les conditions générales avant l'été pour, idéalement, lancer l'expérimentation d'ici fin 2019", a dit à l'AFP le directeur général de l'ANSM, Dominique Martin.
Pas de "joint" thérapeutique
Le but de cette expérimentation serait selon lui "d'éprouver les propositions du comité d'experts en termes concrets: où le cannabis thérapeutique va-t-il être produit, sera-t-il importé ou pas, quel circuit de distribution, quel mode de délivrance (pharmacie, etc) ?" Toujours selon M. Martin, "l'expérimentation, modalité régulièrement utilisée pour la mise en place de politiques publiques, permettrait de gagner du temps", car elle se ferait dans un cadre juridique "plus léger" qu'une généralisation immédiate.
Le cannabis thérapeutique tel qu'envisagé par l'ANSM ne concerne pas les formes fumées, dont le joint : le comité d'experts a écarté ce mode d'administration à cause des effets nocifs de la combustion sur la santé. Il s'agit plutôt des préparations faites directement à partir de la plante de cannabis, avec plusieurs voies d'administration à l'étude: sprays, gélules, gouttes, suppositoires, huiles, voie sublinguale, patch...
Les patients français qui sont soulagés par le cannabis thérapeutique sont, jusqu'à présent, contraints de se fournir sur le marché illégal, sans garantie sur la qualité des produits, ou d'aller dans des pays où le cannabis médical est autorisé, comme la Suisse. Une trentaine de pays dans le monde autorisent le cannabis thérapeutique : de nombreux États américains, le Canada, 21 pays de l'Union européenne ainsi que la Suisse, la Norvège, Israël et la Turquie.
avec AFP