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Pharmaciens d'officine : compétences à vendre

Qui est votre pharmacien ? Un simple commerçant ou un professionnel de santé à part entière ? Avec la loi HPST (Hôpital, Patients, Santé et Territoires), qui vise à développer la coordination entre les professionnels de santé, le pharmacien se voit attribuer de nouvelles missions. Un point crucial est actuellement discuté : leur mode de rémunération. Une question qui reste encore très floue.

Héloïse Rambert
Rédigé le

Ils y ont cru, les pharmaciens... En 2009, la loi HPST avait officialisé de nouvelles responsabilités pour eux, suscitant beaucoup d’espoir dans la profession. Mais l'euphorie avait laissé la place au doute : suivant quelles modalités les nouveaux textes allaient-ils pouvoir être appliqués ? Et surtout, comment ces nouvelles missions allaient-elle être rémunérées ? La question du nouveau mode de rémunération des officinaux fait actuellement l'objet de négociations entre les syndicats de pharmaciens, l'Assurance-maladie et les complémentaires santé. Négociations qui doivent se poursuivre jusqu'au 28 mars 2012.

Image de professionnel de santé à asseoir, nouvelles missions

Dans le cadre de la nouvelle loi, les pharmaciens d'officine se sont vus attribuer le droit, entre autres, de contribuer aux soins de premiers recours (prévention, dépistage…) ou au suivi des malades chroniques.

"Le loi HPT donne enfin au pharmacien la possibilité d'être un véritable maillon de la chaîne de soins, voire une clé d'entrée dans le circuit médical", explique Pascal Louis, président du Collectif National des Groupements de Pharmaciens d'Officine (CNGPO). "Cela faisait partie des us et coutumes de la profession, sans toutefois être inscrit dans les textes. Jusque-là, le Code de la Santé publique ne prenait en considération que la dispensation dans les activités du pharmacien."

Une reconnaissance qui semble la bienvenue pour les pharmaciens, qui à en croire Pascal Louis, souffrent d'un déficit d'image. "Le pharmacien est apprécié du grand public, mais n'est pas vraiment vu comme un professionnel de santé. Il fallait revaloriser l'image de notre métier".

La fin du "tout gratuit"

Pour valoriser leurs compétences et renforcer leur image, les pharmaciens misent donc tout sur leurs nouvelles missions. Mais encore faut-il qu'on les paie, car ils ne comptent pas travailler gratuitement. Ils sont actuellement rémunérés comme tous les autres commerçants : sur la marge commerciale des produits qu'ils vendent. Une marge composée d'un forfait fixe de 0,53 euros par boîte et d'un pourcentage du prix de vente du médicament.

Pour Pascal Louis, ce mode de rémunération n'est pas avantageux : "Notre rémunération repose sur un principe de marge dégressive lissée. En clair, plus un médicament vaut cher, plus le bénéfice en pourcentage est faible pour nous." Les officinaux ne sont donc absolument pas payés pour le travail qui accompagne la délivrance : les conseils, les explications compliquées, l'accompagnement thérapeutique du patient, etc.

De plus, la réforme de la rémunération, jugée trop réductrice et justifiée par les évolutions en cours du métier, s'inscrit dans un contexte économique peu favorable pour les pharmaciens. Diminution du nombre de boîtes vendues, diminution de la marge, baisse du prix des médicaments… "L'avenir économique des propriétaires d'officine, s'ils continuent à être payés de cette manière, s'annonce très sombre", constate amèrement Pascal Louis.

Les syndicats de pharmaciens sont donc en pleine négociation autour de la réforme en profondeur de la rémunération des officinaux que prévoit la loi HPST. A l'ordre du jour, le transfert d'une partie de la rémunération "à la marge sur le prix de vente" vers un dispositif "à l'acte d'honoraire de dispensation". "Les pharmaciens s'orientent vers une rémunération conventionnelle, c'est à dire négociée avec la CNAM (Caisse Nationale d'Assurance Maladie). Comme tous les autres professionnels de santé, en somme" explique Pascal Louis.

La rémunération "à l'acte", une notion toujours à définir

Les pharmaciens pourraient donc bientôt être rémunérés pour les conseils qu'ils dispensent lors de la délivrance des médicaments, sous forme d'"honoraires de dispensation". Ils pourraient également l'être pour le suivi de certains patients, par exemple ceux sous traitement anti-coagulant, sous forme "d'entretiens pharmaceutiques", ou autre. Ils seraient payés à l'acte ou percevraient un forfait annuel par patient.

Malgré des pistes des réflexions qui se dessinent, les modalités d'application sont encore très floues. "Derrière le terme 'rémunération à l'acte', il y a une idée générale dont le contenu est actuellement en pleine discussion", admet le président du CNPGO. "Impossible de dire quels actes nous serons payés, combien et comment. Nous verrons 'à l'usage'."

 

 

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