Dix-huit décès signalés suite à l'utilisation d'un anti-cancéreux
Dix-huit décès survenus entre 2015 et 2017 chez des patients traités par un médicament anti-cancéreux, le docétaxel, ont été signalés à l'agence du médicament. Une enquête de pharmacovigilance est en cours.
Selon l’agence du médicament (ANSM), dix-huit décès ont été signalés entre janvier 2015 et février 2017, chez des patients sous docétaxel, un médicament utilisé pour traiter certains cancers (sein, prostate, poumon, notamment).
Réagissant à un article du Figaro faisant état de ces décès, le directeur général de l'ANSM, Dominique Martin, a déclaré, jeudi 9 mars, à l’AFP qu’il s’agissait "de données très préliminaires qui ont été discutées dans le cadre d'une réunion d'un groupe de travail, organisée lundi, avec une vingtaine de professionnels de santé (oncologues, spécialistes du réseau Unicancer…), l'ANSM et l'Institut du cancer (INCa)". Selon lui, elles " ne peuvent pas, aujourd'hui, être utilisées pour donner des informations pertinentes et utiles sur la question du risque lié à ce médicament".
L'ANSM avait déjà fait état, à la mi-février, de cinq décès survenus en 2015-2016 dans le cadre de traitements du cancer du sein. De son côté, l'Institut Curie avait annoncé un second décès en février après un autre inclus dans le décompte de l'ANSM.
Les données sur ces 18 cas de décès - incluant les différents cancers relevant de ce traitement et toutes les complications, digestives ou autres - et le docétaxel portent sur tout le territoire, sans être exhaustives et concernent tous les laboratoires commercialisant ce médicament (Taxotère de Sanofi et génériques).
Des résultats attendus pour fin mars
L'ANSM "s'attend à des chiffres plus importants" sachant que, d’après M. Martin, l'enquête de pharmacovigilance porte sur l'ensemble des médicaments contenant du docétaxel, depuis la commercialisation du premier d'entre eux en 1995, le Taxotère, jusqu’aux génériques, dont celui du laboratoire Accord, qui détient près de la moitié du marché.
Les données définitives sur ce médicament seront fournies à l'issue de l'enquête de pharmacovigilance fin mars.
"On aura alors des chiffres qui ont un sens. Il s'agit de voir s'il y a eu une augmentation de la mortalité, une évolution dans le temps rapportée au nombre de patients traités, et, si oui, à quel moment elle est apparue", a notamment expliqué M. Martin. Il s'agit d'un "médicament majeur", mais on sait qu'il "comporte des risques importants", rappelle-t-il.
Selon l’ANSM, le dossier est actuellement discuté au niveau européen en vue d'une réévaluation du rapport bénéfices/risques de ce médicament.
Le 17 janvier, l'INCa et l'ANSM ont recommandé aux cancérologues d'éviter temporairement, par précaution, d'utiliser le docétaxel pour les cancers du sein localisés et opérables, au profit d'une alternative, le paclitaxel.