Statines : une nouvelle étude relance le débat
Faut-il prescrire des statines à titre préventif ? Le débat est relancé par une vaste étude internationale publiée dans la revue New England Journal of Medicine. Cette étude, menée sur plus de 12.000 patients dans le monde entier, montre que la prise de ces anti-cholestérols réduit d'un quart le risque d'accidents cardiovasculaires, y compris chez des patients ayant peu de facteurs de risque. Des résultats a priori convaincants… mais cette étude a été co-financée par AstraZeneca, le laboratoire qui commercialise l'une des statines les plus vendues.
Le match cholestérol contre statines est peut-être relancé. La molécule est pour l'instant prescrite à des patients qui ont un risque élevé de faire un accident cardiovasculaire car elle fait baisser leur taux de mauvais cholestérol.
Les statines sont-elles efficaces pour la plupart des autres personnes de plus de 55 ans comme le conclut cette étude ? Le Pr Jacques Blacher, cardiologue, lui, en est convaincu : "Dans cette étude, le niveau de risque des patients n'était pas élevé. Il était intermédiaire, c'est-à-dire qu'ils avaient environ 1% de risque par an de faire un problème cardiovasculaire grave. Dans ce groupe de patients avec 1% de risque par an, risque intermédiaire, la prescription d'une statine est associée à un bénéfice tout à fait indiscutable. On passe de 1% à environ 0,75%. On va donc réduire du quart le risque de présenter un événement cardiovasculaire en rapport avec la prescription de cette statine".
Des effets secondaires parfois très gênants
Le professeur Blacher reconnaît qu'il a des liens avec les laboratoires qui commercialisent les statines, dont celui qui a co-financé l'étude : AstraZeneca. Et selon lui, il faut nuancer les conclusions car 13% des patients ont arrêté le protocole en cours de route. Parmi les raisons invoquées, des effets secondaires parfois très gênants : "La plus grande partie des effets secondaires correspondent à des douleurs au niveau des muscles. Un petit pourcentage de patients, moins de 5%, vont présenter au moment où on introduit une statine, des douleurs un peu diffuses au niveau des muscles. Et ces douleurs sont assez invalidantes parce qu'elles empêchent de pouvoir marcher, courir… Chez ces patients, il faut donc arrêter le traitement, et éventuellement réfléchir à reprendre avec un autre médicament ou alors reprendre avec une dose inférieure".
Si l'effet préventif des statines sur les risques cardiovasculaires était confirmé, un énorme marché s'ouvrirait aux laboratoires. Toutes les personnes de plus de 55 ans qui ont un seul facteur de risque, comme le tabagisme ou le surpoids, pourraient être concernées par le traitement.