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Huiles essentielles : le nombre d'intoxications en hausse

Le nombre d’intoxications aux huiles essentielles est en progression régulière depuis le début des années 2000 dans les Hauts de France. De quoi alerter sur les précautions d’utilisation de ces produits naturels, mais pas sans danger.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Selon une information publiée dans la Voix du Nord, mardi 14 mars 2017, 141 personnes ont été intoxiquées aux huiles essentielles en 2015. En 2000, ce chiffre était de 18 et concernait "principalement (des) intoxications pédiatriques", avec "dans 98% des cas, (une) exposition accidentelle", d’après le centre anti-poison (CAP) des Hauts de France, interrogé par le quotidien nordiste. En 15 ans, le nombre d'intoxications observé n'a cessé de croître, comme le rapporte la lettre d'information Infotox du CAP, avec un pic à 144 cas en 2014. Au total, ce sont 1173 cas qui ont été signalés à l'organisme entre 2000 et 2015, généralement des enfants (73% avaient moins de 15 ans), âgés majoritairement de 1 à 4 ans (60%).

Des substances non dénuées de risques

Dans un document mis en ligne sur son site internet, le CAP rappelle que, bien que les huiles essentielles, "de plus en plus présentes dans nos maisons", soient en vente libre, leur utilisation "n’est pas dénuée de risques".

Ainsi, il est précisé que "certaines huiles (…) ont des indications thérapeutiques reconnues", mais que "d’autres sont utilisées de manière empirique". Quant à la dénomination "huile essentielle", elle est réservée aux huiles "potentiellement dangereuses", précise l’organisme qui souligne que ces substances "peuvent être considérées parfois à tort comme inoffensives car naturelles et extraites des plantes". De ce fait, "une très petite quantité (une cuillère à café)" de ces produits suffit à "entraîner une intoxication sévère et des signes neurologiques, notamment chez les enfants", alerte la structure.

Pour le Dr Mathieu, responsable du centre anti-poison des Hauts de France, " l’augmentation du nombre de cas d’intoxication depuis 2000 est à mettre sur le compte d’un nouvel essor des huiles essentielles qui véhiculent des idées positives de bien-être, de santé, de nature". Or, ce sont des produits qui ont des effets positifs "mais à condition d’en faire une bonne utilisation", souligne la spécialiste. "Il faut prendre les mêmes précautions que lorsque l’on prend un médicament, mettre les flacons, bien fermés, sous clefs et pas dans la salle de bain, et ne pas inventer d’autres utilisations que celles préconisées par le fabricant, en mélangeant plusieurs huiles pour le bain, par exemple", précise-t-elle.

Attention aux personnes sensibles

Dans son document mis en ligne, le CAP rappelle que les huiles essentielles "peuvent être dangereuses pour tous mais [que] certaines personnes sont plus sensibles", en particulier celles ayant des antécédents d’épilepsie ou de convulsions, celles ayant un terrain allergique et les enfants. L'utilisation de ces produits est, par ailleurs, "contre-indiquée" chez la femme enceinte, rappelle le CAP.

"Trop souvent, les parents considèrent que ces huiles sont forcément bénéfiques pour la santé de leurs enfants car issues de plantes et donc sans danger ", note le Dr Mathieu. Or, "ce sont des produits très concentrés qui peuvent devenir toxiques si la dose prescrite est dépassée", souligne-t-elle. Par ailleurs, les huiles essentielles contiennent également des solvants, potentiellement toxiques à forte dose. "Ces produits ne sont pas fait pour les enfants, sauf s’ils sont prévus spécifiquement pour eux, avec des dosages adaptés", insiste la responsable du CAP, qui rappelle que, dans tous les cas, ils ne doivent pas être utilisés chez un enfant de moins de 36 mois.

Quand appeler le centre anti-poison ?

D’une façon générale, trois situations peuvent mener à une intoxication aux huiles essentielles : une ingestion de produit, une mauvaise utilisation ou une réaction allergique (pour les huiles à base d’orange ou de bergamote, par exemple). Les symptômes d’une intoxication (crises convulsives principalement, mais également symptômes neurologiques ou complications respiratoires et digestives) peuvent survenir dans les 30 minutes à 4 heures suivant l’utilisation, accidentelle ou non, de l’huile.

En cas de mésusage, d’accident ou de symptômes évoquant une intoxication, "il faut appeler immédiatement le numéro vert du centre anti-poison", insiste le Dr Mathieu (0800 59 59 59, appel gratuit, valable pour toute la France). "C’est le médecin qui, en évaluant les symptômes et les risques en fonction de l’huile utilisée, saura dire si une prise en charge médicale est nécessaire ou non", précise la responsable du centre anti-poison. " Il vaut mieux appeler pour rien que faire des gestes dans la panique [emmener son enfant à l’hôpital au risque de provoquer un accident par exemple, NDLR]", souligne la spécialiste qui rappelle, cependant, que "la plupart des cas sont finalement bénins".

[mise à jour du 16/03/2017] 

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