"Alexa j'ai mal au ventre": le service de santé anglais collabore avec Amazon
Les Britaniques vont pouvoir poser des questions médicales à leur enceinte connectée. L'assistant vocal Alexa leur répondra, après avoir fait des recherches sur le site de la NHS, le système de santé public.
"Alexa, quels sont les symptômes d'une grippe?".
Et si les enceintes connectées pouvaient répondre à vos questions de santé, à partir de sources fiables ? Le gouvernement britanique vient de sauter le pas. Il a annoncé aujourd'hui, mercredi 10 juillet, que ses citoyens pourraient désormais s'informer auprès du service de santé public NHS par l'intermédiaire d'enceintes intelligentes produites par Amazon.
A haute voix en s'adressant à ces enceintes, les utilisateurs pourront poser des questions, considérées simples par le corps médical, comme: "Alexa, comment je soigne une migraine ?" ou "Alexa, quels sont les symptômes de la varicelle ?"
Une source fiable, et un coup de main pour les professionnels de santé
Ce nouveau service prodigué par le géant américain de la technologie doit soulager le personnel du NHS, surmené et lassé des mauvais conseils médicaux qui prolifèrent en ligne. "C'est juste un mécanisme alternatif permettant d'accéder aux informations médicalement certifiées du NHS concernant différentes conditions médicales au lieu d'informations provenant de sites américains ou d'autres sources", a expliqué à l'AFP un porte-parole du ministère de la Santé.
"Ce genre de technologie est un excellent exemple de la façon dont les gens peuvent obtenir des conseils fiables (...) du NHS dans le confort de leur foyer, réduisant ainsi la pression sur nos médecins et pharmaciens", a déclaré dans un communiqué le ministre de la Santé Matt Hancock, estimant qu'il serait particulièrement utile aux personnes aveugles ou âgées.
Alexa ne prodiguera "aucune forme de diagnostic ou de conseil", a insisté le porte-parole du ministère de la Santé
Une idée intéressante mais "avec des limites"
Si Helen Stokes-Lampard, présidente du Collège royal des médecins généralistes, a salué une "idée certainement intéressante", elle a également souligné des limites. "Il est vital que des recherches indépendantes soient faites pour garantir que les conseils prodigués sont sûrs", a-t-elle déclaré auprès de l'agence de presse britannique PA.
"Beaucoup de gens ne seront pas en mesure d'assumer les coûts de cet équipement, ce qui creusera encore les inégalités en matière de santé", a-t-elle par ailleurs déploré.
"Ce n’est pas un partenariat avec Amazon"
Le gouvernement a accepté qu'Amazon utilise les informations du site NHS, chose que les entreprises ne peuvent faire sans accord officiel. Cette collaboration avec Amazon est non commerciale et non exclusive, selon le gouvernement.
"Cet accord ne coûte rien aux contribuables", a dit à l'AFP un porte-parole du ministère. "Il n'y a pas eu d'argent échangé, ce n'est pas un partenariat. Amazon a accès à de l'information sur le site du NHS et nous voulons offrir ce même service à n'importe quelle entreprise technologique".
"Un désastre en terme de protection des données"
Mais des militants défendant le droit à la vie privée alertent sur l'éventuel stockage de données médicales à des fins commerciales. Pour Silkie Carlo, directeur du groupe britannique Big Brother Watch Civil, le gouvernement se fourvoie en "encourageant le public à donner des détails personnels de santé à l'un des gloutons les plus agressifs en matière de traitement de données".
Il a dénoncé un "plan terrible" menaçant la "vie privée et la confiance", anticipant "un désastre en terme de protection de données".
"Amazon ne partage aucune de ces informations avec des tiers, ne vend pas de produits ou ne fait pas de recommandations de produits sur la base de ces informations de santé, et ne crée pas de profil de santé pour les clients", a rétorqué un porte-parole du ministère de la Santé interrogé par l'AFP. Il a aussi garanti que la société américaine n'aurait pas accès aux dossiers médicaux des Britanniques.
Un porte-parole d'Amazon a lui déclaré au journal The Times que les utilisateurs "contrôlaient leur historique" et pouvaient donc supprimer des enregistrements.