AP-HP : une grève peu suivie contre la réforme du temps de travail
Plusieurs dizaines d'agents de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) ont une nouvelle fois manifesté le 29 mars devant le siège de l'institution contre la réforme du temps de travail.
Les agents étaient aussi appelés à cesser le travail alors que les premières mesures, comme la suppression des journées extra-réglementaires (Fête des mères...) doivent entrer en vigueur dans quelques jours. Selon la direction de l'AP-HP, la mobilisation était à la mi-journée de 1,18%.
"Nous espérons toujours que cette réforme ne passe pas. Si c'est le cas ce sera dramatique pour nos conditions de travail", peste Fanny Rigaud, jeune aide-soignante à l'hôpital Saint-Louis, venue manifester bruyamment sa colère sous les fenêtres du siège de l'AP-HP dans le 4e arrondissement.
"Hirsch vole les repos des héros" proclamait une bannière tendue devant l'établissement où se tenait un CHSCT central (Comité d'hygiène et de sécurité) au cours duquel le directeur général de l'AP-HP, Martin Hirsch, doit présenter pour avis les nouveaux ajustements de sa réorganisation du temps de travail.
Moins de RTT et plus d'heures de travail
La réforme qui vise les 75.000 agents (hors médecins) de l'institution repose sur une modification des temps de travail et des suppressions de RTT . Elle prévoit le passage de 7h36 de travail à auxquelles sont soumis actuellement 50% des agents, à 7h30, synonyme de 15 RTT au lieu de 18. Le texte envisage également la suppression au 1er septembre du régime horaire en 7h50 (16% des agents) pour le remplacer par celui en 7h36 avec un passage de 20 à 18 RTT.
Selon un audit, la direction de l'AP-HP a évalué à 48,4 millions d'euros brut les économies générées par la réforme entre 2016 et 2019, et à 41,1 millions les gains réalisés en termes de remplacement (intérim, remplacement, heures supplémentaires). Mais cet audit a mis en exergue une désorganisation des services liée à un absentéisme "préoccupant" et une "surcharge de travail". Martin Hirsch doit annoncer la mise en place d'ici l'été d'un plan de lutte contre ce phénomène.
La direction fait valoir en outre que l'intégration de la pause repas dans le temps de travail pouvait être considérée "implicitement" comme une "compensation" aux dépassements horaires.
"On bosse dans des conditions lamentables. Le turn-over est important, on n'a très souvent pas le temps de manger", déplore, masque à oxygène autour du cou Perrine Moralès, infirmière à Avicenne, bien décidée à rester la journée devant la siège de l'institution.