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Couches bébés : l'Anses alerte sur la présence de substances potentiellement risquées

Parfums, dioxines, furanes... Certaines substances chimiques détectées dans les couches jetables pourraient présenter des "risques" pour la santé des bébés.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Au début de sa vie, un bébé porte entre 3800 et 4800 couches. En 2017, après un article de 60 millions de consommateurs, le gouvernement a demandé à l'Anses d'émettre un avis sur la potentielle dangerosité des couches pour bébé. Cet avis a été rendu par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) le 23 janvier 2019 : il évoque des ”risques” liées à des substances présentes dans les couches. En effet, le seuil sanitaire de certaines substances est dépassé dans certaines couches. Le gouvernement a directement exigé l’élimination des substances concernées par les fabricants dans les meilleurs délais. Si aucune preuve n’existe sur les effets néfastes de ces couches pour la santé, un risque ne peut pas être exclu.

”On ne peut pas exclure un risque”

Selon l’avis de l’Anses publié, il n'existe "aucune donnée épidémiologique permettant de mettre en évidence une association entre des effets sanitaires et le port de couches". Si aucune preuve n’est établie de la dangerosité des couches portées par 95% des bébés, le directeur général délégué de l’Anses Gérard Lasfargues affirme qu’ "on ne peut pas exclure un risque (...) puisqu'on observe un dépassement des seuils sanitaires pour un certain nombre de substances". Il s'agit de deux parfums (butylphényl méthyle propional et hydroxyisohexyl 3-cyclohexène carboxaldéhyde), ainsi que de certains hydrocarbures aromatiques polycycliques (parfois cancérogènes), de dioxines ou de furanes.

Les industriels et distributeurs du secteur ont été reçus à Bercy mercredi 23 janvier au matin par les ministres de la Santé, de l'Economie et de la Transition Ecologique. Ces derniers ont précisé à leur tour que l'avis ne mettait "pas en évidence de danger grave et immédiat", mais "exigent des fabricants et des distributeurs qu'ils prennent avant 15 jours des engagements pour éliminer ces substances des couches pour bébé". Les professionnels du secteur devront "prendre dans les meilleurs délais les mesures garantissant la sécurité des produits sur le marché".

Une première mondiale

Cette évaluation est la première de ce type au niveau mondial sur les couches. Elle est basée sur des analyses de 23 couches "parmi les plus utilisées", y compris des couches écologiques, mais ne cite aucune marque, les données ayant été anonymisées. L’Anses a évalué le risque potentiel "dans des conditions d'usage réalistes" : la quantité absorbée en fonction du temps de port de couche est calculée et comparée à des valeurs toxicologiques de référence pour chacune des substances.

Première cible : les parfums, les seuls de ces produits chimiques à être intentionnellement ajoutés par les industriels. Ils devront également mieux contrôler "la qualité des matières premières utilisées" qui peuvent être contaminées au préalable et modifier "les procédés de fabrication susceptibles d'être à l'origine de la formation de certaines substances". 

D'autre part, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression (DGCCRF) renforcera les contrôles en 2019. La France plaidera à Bruxelles pour des règles européennes plus "protectrices". Les couches jetables sont soumises dans l'UE à la réglementation générale sur les produits de consommation, et non à des règles spécifiques comme certains produits cosmétiques ou les protections pour fuites urinaires. 

"Nos couches sont sûres"

Malgré cette alerte, le syndicat des fabricants de couches a tenu à "rassurer tous les parents". "Les consommateurs peuvent continuer à utiliser les couches proposées par les fabricants de Group'hygiène en toute sécurité", a assuré sa déléguée générale Valérie Pouillat.

Dans un communiqué mercredi matin, l'entreprise Pampers (groupe américain Procter and Gamble) assure que leurs "couches sont sûres et l'ont toujours été". Elle indique avoir "déjà mis en place les recommandations formulées par le rapport" et affirme que ses produits "ne contiennent aucun des 26 allergènes listés par l'Union européenne".

La présidente de la marque française Joone, Carole Juge-Llewellyn a pour sa part revendiqué avoir été "la première marque de couches au monde à publier intégralement les analyses toxicologiques de nos changes pour bébé". "Cet engagement pour une politique de transparence très exigeante fait aujourd'hui enfin l'objet d'une prise de conscience partagée par les pouvoirs publics avec la publication du rapport alarmiste de l'Anses aujourd'hui".

 

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