Déserts médicaux : le numerus clausus sera augmenté
Former plus de médecins pour pallier la pénurie. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé le 24 novembre une nouvelle hausse du nombre d'étudiants en médecine. Une mesure "politique" accueillie avec scepticisme par les syndicats.
Préoccupation majeure à quelques mois de la présidentielle, le problème des déserts médicaux a encore été débattu jeudi à l'Assemblée nationale, à travers une proposition de loi UDI. L'occasion pour la ministre de vanter sa politique menée depuis 2012 pour favoriser l'installation de jeunes médecins en zones sous-dotées (maisons de santé pluridisciplinaires, contrats d'engagement de service public, etc).
Le gouvernement a toujours privilégié les aides financières et autres mesures incitatives, par opposition aux mesures coercitives préconisées par les centriste.
6% d’augmentation sur l’ensemble des facs
Pour intensifier ces mesures, le numerus clausus, qui détermine le nombre d'étudiants accédant à la deuxième année d'études, "sera augmenté de 478 places supplémentaires dans 22 facultés, soit une augmentation de 11%" pour ces 22 facultés, a annoncé Mme Touraine.
Sur l'ensemble des facs, la hausse dépassera à peine 6%. Cette mesure s'ajoute aux 131 places annoncées l'année dernière pour 10 régions en manque de médecins, indique la ministre.
Ne pas sacrifier la qualité de la formation
Sera-t-elle adaptée à la pénurie de généralistes, notamment en raison de l'explosion des départs en retraite ? Contactées par l'AFP, les organisations professionnelles, étudiantes ou d'internes se montrent très réservées.
Elles s'interrogent en particulier sur les conditions de mise en œuvre dans des facultés aux "capacités déjà largement débordées" selon Claude Leicher, président de MG France. Il faudra augmenter le nombre d'enseignants et les possibilités de stages, prévient-il.
Un effet d’annonce ?
"C'est surtout un affichage politique, cela nous paraît intenable au vu des capacités actuelles", s'inquiète Stéphane Bouxom, porte-parole de l'Isnar-IMG syndicat des internes de médecine générale. Augmenter le nombre de stages dans les cabinets de ville, mettre en place une politique d'accueil des nouveaux médecins, les aider à se loger sont autant de mesures dont les effets se ressentiront plus rapidement, estime M. Bouxom.
La mesure mettra "au mieux 10 ans" à porter ses fruits souligne pour sa part Olivier Le Pennetier (Isni, internes), rappelant qu'il faut surtout travailler sur l'attractivité des zones sous-dotées, où le conjoint du médecin doit pouvoir "trouver un travail" et "scolariser ses enfants".
Jean-Paul Ortiz, le président du premier syndicat de médecins libéraux (CSMF) a de son côté fustigé "une annonce spectaculaire" ne tenant pas compte des "vraies problématiques". Son syndicat dénonce "encore une mauvaise solution" et "regrette un effet d’annonce".
"Pourquoi la médecine libérale attire si peu ?"
Mais la ministre ne s'arrêtera pas là. Elle a promis dans l'hémicycle que "de nouvelles règles de zonage" se mettraient en place. Pour le premier syndicat de médecins libéraux, "la vrai question est : pourquoi la médecine libérale attire si peu ?".
En moyenne, les médecins ne s’installent en libéral qu’autour de 38 ans. Et 25% des jeunes diplômés renoncent finalement à exercer. D’ici 2025, la France aura perdu un quart de ses généralistes.
Avec AFP