Près de 6% des Français vivent dans un désert médical
Selon les derniers chiffres de la Drees, 3,8 millions de Français habitent dans une zone sous-dotée en médecins généralistes. Ils sont de plus en plus nombreux, surtout en l’Île-de-France et dans le Centre Val-de-Loire.
Près de 3,8 millions. C’est le nombre de Français et Françaises qui vivaient en 2018 dans une zone qualifiée de "désert médical", c’est-à-dire sous-dotée en médecins, en particulier de médecins généralistes, annonce la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) dans un rapport qu’elle publie le 14 février 2020.
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1,3 million de Français de plus qu’il y a quatre ans
Cela correspond à 5,7% de la population. Une proportion en hausse au cours des dernières années, puisqu’en 2015, la Drees recensait 2,5 millions de personnes (3,8% de la population) dans les déserts médicaux. En quatre ans, ce sont donc 1,3 millions de Français en plus qui sont directement concernés par le manque de médecins généralistes.
Même constat pour le nombre théorique de "consultations accessibles par an et par habitant , qui était de 3,93% en 2018, soit 3,3% de moins qu’en 2015.
Dernière observation de la Drees : la difficulté d’accès aux soins est marquée par de fortes inégalités régionales. "La Guyane, la Martinique et la Guadeloupe sont les régions les plus touchées par la sous-densité médicale" note ainsi le rapport. En France métropolitaine, les régions les plus affectées sont l’Île-de-France et le Centre Val-de-Loire.
Plus de demande, moins de temps et des départs à la retraite
Mais comment expliquer ce déclin de l’accès aux soins ? Plusieurs facteurs entrent en jeu : une demande de soins croissante, un temps médical disponible en baisse et les départs à la retraite "des générations de médecins issues des numerus clausus élevés des années 1970-1980", pas encore remplacés. Or, "les médecins actuellement en milieu de carrière sont moins nombreux, sous l’effet des numerus clausus particulièrement faibles des années 1990" déplore la Drees.
Derrière cette hausse des déserts médicaux se cache un problème plus large d’aménagement du territoire. Ainsi, comme le souligne la Drees, ces zones qui n’attirent pas les jeunes médecins présentent aussi une croissance démographique "particulièrement faible", sont "peu densément peuplées" et "moins bien équipées que la moyenne" en matière "de commerces, d'établissements scolaires, d'équipements sportifs et culturels".
Six millions de Français sans médecin traitant
Conséquence directe du manque de médecin généraliste, de plus en plus de Français n'ont pas de médecin traitant. En janvier dernier, le directeur général de l’Assurance maladie Nicolas Revel révélait en effet que 5,4 millions de patients ne disposaient pas de médecin traitant en 2019. Et selon une enquête de l’association UFC-Que Choisir publiée en novembre 2019, près d’un généraliste sur deux (44%) refusait de devenir le médecin traitant de nouveaux patients, car 71% des généralistes déclaraient avoir déjà "trop de patients".
France Assos Santé réagissait de son côté aux disparités régionales en matière d’accès aux soins dans un communiqué, jugeant "inefficaces" les aides financières mises en place pour favoriser l’installation dans les zones sous-dotées. Cette union d’associations plaidait alors pour une "adaptation de la liberté d’installation", de manière à éviter la surdotation des zones déjà bien dotées, le temps au moins que "la suppression du numerus clausus donne ses premiers résultats en matière d’augmentation de l’offre".