Elections professionnelles des médecins : prime à la contestation
EN BREF – Selon les résultats des élections professionnelles publiés ce 17 octobre par le ministère de la Santé, la CSMF reste le premier syndicat des médecins libéraux, en dépit d’un important recul. La FMF, très active ces derniers mois dans le combat contre la loi Santé, progresse fortement.
Depuis des mois, les organisations syndicales versaient dans la surenchère électorale, avec pour bouc émissaire désigné la future loi Santé de Marisol Touraine. Et selon un sondage Ifop paru le mois dernier, l'opposition à la loi Santé était la motivation de vote pour deux tiers des médecins...
Les résultats officiels ont été publiés ce 17 octobre : tous collèges confondus, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), qui demandait une réécriture du texte, se maintient en tête, avec 25,4% des suffrages exprimés. La Fédération des médecins de France (FMF), qui appelait au retrait du projet de loi, passe du quatrième au deuxième rang avec 22,7%, devant le Syndicat des médecins libéraux (SML, 19,8%) et le syndicat de médecins généralistes MG France (17,2%). Comme la CSMF, MG demandait une réécriture du projet défendu par la ministre Marisol Touraine, tandis que la SML défendait une position analogue à celle de la FMF.
Sur les quelque 120.000 médecins libéraux appelés à voter, 39,92% ont participé au scrutin. Ils étaient près de 45% en 2010.
Trois collèges
Ces résultats déterminent la représentativité des syndicats au sein des trois collèges de la profession (généralistes, chirurgiens-anesthésistes-obstétriciens, autres spécialistes).
Chez les généralistes, MG France (présent dans ce seul collège) a maintenu sa position de premier syndicat avec 31,3%. Il est désormais talonné par la FMF, autrefois quatrième syndicat, qui a fait un bond de neuf points pour s'établir à 27,6%. La CSMF passe à 20,3%, contre 26,9% en 2010.
Le Bloc, cinq ans après son entrée remarquée dans le paysage syndical, creuse encore son avance chez les chirurgiens, anesthésistes et gynécologues-obstétriciens avec 66,8%, en hausse de plus de 8 points.
Chez les autres spécialistes, la CSMF reste en tête mais perd quasiment 10 points, à 40,7%, au profit du SML (28,9%) et de la FMF (21,8%).
Autocongratulations et invectives
Dans un communiqué, la CSMF s'est félicitée de rester le premier syndicat "en voix et en élus". Elle a regretté qu'un "fort vote contestataire" se soit exprimé, en faveur de "syndicats poujadistes sans propositions". Plus tôt, la FMF s'était présentée comme la "grande gagnante" du scrutin, fort d'un "programme qui n'est ni poujadiste ni populiste" mais fondé "sur l'expérience de terrain des médecins en exercice".
Prenant "acte de ces résultats", Marisol Touraine a dit vouloir "poursuivre au niveau national, avec les syndicats, les actions en faveur de la modernisation de la médecine libérale et faciliter l'installation des jeunes médecins". Mais "ce sont d'abord les dynamiques locales initiées par les professionnels qui permettront de réformer le système et d'améliorer la prise en charge des patients", a-t-elle ajouté.
Les élections professionnelles fixent le nombre de sièges alloués à chaque syndicat au sein des Unions régionales des professionnels de santé (URPS), représentantes de la profession devant les agences de santé (ARS) dans les 17 nouvelles régions. Elles déterminent aussi la représentativité pour les cinq prochaines années, et donc les rapports de force lors des négociations avec l'Assurance maladie sur la prochaine convention qui régit les relations entre les libéraux et la Sécurité Sociale.