Inquiétudes autour de l’accès partiel aux professions de santé
C’est une décision politique qui passe mal auprès des professionnels de santé. Le gouvernement vient de publier un décret autorisant l’accès partiel aux professions de santé pour les praticiens de toute l’Union européenne.
Aujourd’hui, un professionnel de santé de n’importe quel pays de l’Union européenne peut venir exercer librement en France si son diplôme d’infirmier, kiné, dentiste ou autre est reconnu. Il lui suffit simplement de déposer une demande auprès de l’Ordre de la profession concernée. L’Ordre vérifie alors si la personne maîtrise le français et les conversions de poids et mesures.
Mais, avec la notion d’accès partiel, les critères d’accueil des praticiens européens seront dorénavant beaucoup plus souples. Un professionnel qui n’a pas de diplôme reconnu au sein de l’Union va quand même pouvoir faire une demande d’accès partiel pour venir pratiquer en France les actes pour lesquels il est compétent.
Cette notion d’accès partiel inquiète fortement l’Ordre des kinésithérapeutes. Ils redoutent une fragmentation de leur profession et craignent que les patients ne comprennent plus qui ils ont réellement en face. Selon Pascale Matthieu, présidente du Conseil National de l’Ordre des Masseurs-Kinésithérapeute, explique : "ce n’est pas le thérapeute lui même qui dira "je vais vous faire des soins mais je ne suis pas complètement kiné, je suis un petit peu kiné, ou partiellement kiné. Et je ne sais pas comment on va choisir de les appeler dans les services où ils vont être embauchés".
Les représentants des dentistes et des infirmiers montent aussi au créneau. Ils craignent une baisse de la qualité des soins. Selon Didier Borniche, Président du Conseil National de l’Ordre des Infirmiers, "si vous avez quelqu’un qui vient vous voir et qui vous dit "je sais faire les pansements du genou mais les médicaments je ne sais pas les préparer…" Vous imaginez la complexité du système. Et d’autre part, imaginez que vous tombez sur quelqu’un qui ne soit pas très honnête et qui ne dise pas qu’il n’a pas ces compétences. Il ne les a pas, il ne les dit pas et, potentiellement, il peut mettre en péril la vie des patients".
Sollicité, le ministère de la Santé n’a pas souhaité s’exprimer sur cette question. Les différents Ordres ont récemment saisi le Conseil d’Etat pour tenter de faire annuler ce décret.