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Pour 300 médecins, le plan santé "ne se donne pas les moyens de ses ambitions"

Dans une tribune publiée le 8 octobre, un collectif de médecins exprime ses inquiétudes et frustrations face aux mesures prises par le président de la République pour notre système de santé.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
5% des patients contractent une infection nosocomiale

Le plan "Ma santé 2022", présenté mi-septembre par Emmanuel Macron, "ne se donne pas les moyens de ses ambitions", estiment près de 300 médecins dans une tribune publiée lundi 8 octobre  sur le site de Libération.

Les signataires de ce texte, initié par le Pr André Grimaldi, admettent "la pertinence du diagnostic sur la crise du système de santé" (surcharge des urgences hospitalières, inadaptation de notre système de soin à l’épidémie de maladies chroniques et l’insuffisance de leur prévention, déserts médicaux…) mais reprochent à l'exécutif de ne pas traiter le problème en profondeur.

Un "garrot autour du cou de l’hôpital public" toujours serré

Les manquements soulignés par les praticiens sont nombreux. "Rien sur les prescriptions et les actes injustifiés, rien sur les rentes industrielles et le prix trop élevé des médicaments, rien sur le doublon des coûts de gestion entre la Sécurité sociale et les complémentaires, rien sur les frais de gestion excessifs des mutuelles et compagnies d'assurance", énumèrent-ils.

Les médecins se disent en outre "très inquiets de l'absence de mesures financières pour la psychiatrie (...) et plus globalement pour l'hôpital public qui voit ses tarifs de remboursement réduits année après année ", qui selon eux "risque fort de continuer à être la variable d'ajustement des dépenses". "Le gouvernement ne desserre pas le garrot placé depuis 2008 autour du cou de l’hôpital public", constatent les auteurs.

Ils déplorent aussi que la tarification à l’activité (T2A) "dont la remise en cause était annoncée", "reste le mode de financement largement dominant, son remplacement par un paiement au forfait pour le diabète et l’insuffisance rénale chronique demandant à être précisé dans l’espoir que la course au forfait ne remplace pas la course au tarif. "

Des soignants mal payés et sous pression

Les auteurs tirent aussi un constat amer de la situation des professionnels de santé. Ils soulignent qu’aucune augmentation de salaire des infirmières et des aides-soignantes n’est prévue, alors même que leur niveau de rémunération (rapporté au salaire moyen du pays) se situe au 26e rang des 29 pays de l’OCDE.  Une austérité qui impacterait directement les patients. "La limitation drastique de financement des heures supplémentaires ne permettra pas d’assurer la présence en nombre suffisant de soignants au lit des malades", assurent-ils.

Quant à la proposition faite aux jeunes médecins d’aller travailler au moins pour partie en ville, au dépend du plein-temps médical hospitalier, il s’agit, pour les médecins d’un risque "de remise en cause plus fondamentale du service public hospitalier, notamment au profit des cliniques privées."

Le budget de la Sécurité Sociale pour 2019, présenté fin septembre, prévoit cependant une hausse de 2,5% des dépenses d'assurance maladie, au lieu des 2,3% prévus auparavant, soit une rallonge de 400 millions d'euros. Des moyens qui "correspondent en fait à un plan d'économies de 1,5%, compte tenu d'une augmentation des charges de 4% et sans compter le taux d'inflation annuelle évalué à 1,5%", contestent les auteurs de la tribune, affirmant que "la rigueur cumulée année après année se termine en austérité et en dégradation du service rendu aux malades".

 

 

 

 

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