Insalubrité, maltraitances : le cas de la prison de Fresnes devant la justice
Dénoncée par l'Observatoire International des Prisons (OIP), la gestion de la prison de Fresnes est actuellement passée à la loupe par le tribunal administratif de Melun.
Le même tribunal avait déjà ordonné en octobre d'intensifier les actions de dératisation et de désinsectisation à Fresnes, à la demande de l'Observatoire international des prisons (OIP). Vendredi 14 avril 2017, cette association a récidivé en saisissant de nouveau la justice en urgence. Plus que la seule insalubrité, sa requête en référé-liberté vise cette fois l'ensemble de la gestion du centre pénitentiaire et réclame un "plan d'urgence".
La décision du tribunal est attendue la semaine du 24 avril. "Tout le monde est à peu près d'accord pour dire que la situation à Fresnes est totalement inacceptable" a estimé lors de l'audience l'avocat de l'OIP, Patrice Spinosi.
Surpopulation, insalubrité et maltraitance
L'association dénonce, pêle-mêle, la surpopulation d'une prison remplie à 193,1% de sa capacité, où des centaines de détenus vivent à trois par cellule, l'abondance de rats et de punaises de lits, la vétusté des locaux. Mais aussi les fouilles à nu "systématiques" et "l'usage excessif de la force" par les surveillants.
Des représentants des barreaux de Paris, du Val-de-Marne, de Seine-Saint-Denis et des Hauts-de-Seine, se sont succédés à la barre pour appuyer la requête avec des témoignages d'avocats ou de détenus.
En décembre 2016, le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) avait dénoncé les conditions d'incarcération "indignes" à Fresnes et "l'usage banalisé de la force et des violences" par les surveillants. "Il n'y a pas d'atteinte manifestement illégale aux libertés fondamentales", a rétorqué Youssef Badissi, le représentant du ministère de la Justice, en faisant valoir les actions en cours à Fresnes.
"Traitements inhumains et dégradants"
Environ 25.000 euros sont injectés chaque mois dans la lutte contre rats et punaises, a détaillé le directeur de la prison, Philippe Obligis. Des travaux, notamment contre les eaux stagnantes, doivent selon lui commencer prochainement. Il a aussi indiqué avoir, depuis son arrivée en septembre 2016, personnellement donné des consignes pour que les salles d'attente exiguës de la prison "soient utilisées comme des lieux d'attente et non pas des lieux punitifs".
M. Bassidi a par ailleurs estimé que la plupart des demandes de l'OIP ne relevaient pas de la compétence du juge des référés.
"Le débat a été surréaliste. On parle de traitements inhumains et dégradants, et tout ce qu'on nous répond c'est : circulez, il n'y a rien à voir", s'est indigné Nicolas Ferran, un responsable de l'association. "Si le juge reste dans une conception restrictive de son office, nous irons devant le Conseil d'Etat en appel", prévient déjà l'OIP.
avec AFP