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4000 travailleurs d'un chantier naval vaccinés en urgence contre le pneumocoque

Une infection à pneumocoque a été découverte sur un chantier naval marseillais le 3 février. Afin d’éviter la propagation, les 4000 travailleurs de ce chantier ont été vaccinés en urgence.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Les autorités sanitaires ont lancé le 3 février une campagne de vaccination sans précédent à Marseille contre une épidémie de pneumonie, qui s'est déclarée parmi les 4.000 travailleurs d'un chantier de réparation navale.

Au moins 16 employés de sous-traitants sur le chantier de réfection d'un navire de la compagnie Norwegian Cruise Line ont été contaminés par cette souche de pneumocoque. L'un "est encore en réanimation", a annoncé le docteur Laurence Pascal, médecin épidémiologique à l'Agence régionale de santé (ARS).

Une bactérie connue

Le pneumocoque ou streptococcus pneumoniae est une bactérie qui peut causer des infections pulmonaires et ORL (otites, sinusites). Il peut également être à l’origine de formes plus sévères d’infections invasives pour 10 à 30% des patients.

« Une épidémie de pneumocoques comme on peut la voir dans le cas présent est très inhabituelle », affirme Benjamin Davido, infectiologue. « C’est une bactérie qu’on élimine en 24 heures avec des antibiotiques, si bien qu’elle n’a pas le temps de se répandre d’habitude. »

Mais la bactérie a trouvé un terrain propice dans le chantier naval, un milieu très confiné et fermé, qui emploie à l'abri des regards sur le port de Marseille des travailleurs en sous-traitance de toute l'Europe.

Aggravation de la grippe

Le Dr Davido explique que le pneumocoque est présent en tant que surinfection de la grippe dans 30% des cas documentés de pneumopathie. « Ici, l’irruption de ce germe est intéressante parce que cela intervient en pleine épidémie de grippe. Il faut savoir que le vaccin contre la grippe diminue les risques de surinfection, tandis que le vaccin contre le pneumocoque est efficace à vie. »

Le pneumocoque est une bactérie qui peut être mortelle, mais qui se guérit très bien. « Le pneumocoque a un taux mortalité autour de 10%. Contrairement à la grippe qui touche surtout les personnes fragiles, cette bactérie atteint tout le monde », insiste le Dr Davido.

Pour enrayer sa progression, la vaccination est proposée le 3 et le 4 février par une quinzaine d'équipes médicales sur place, à ces travailleurs de 13 nationalités différentes, sur la base du volontariat. Des solutions de lavage des mains ont été distribuées contre la bactérie. Cette dernière ne survit pas à l'air libre, et ne se transmet ni par l'eau ni par la nourriture.

Une campagne de vaccination exceptionnelle

L'opération, dont la facture devrait être réglée par les employeurs, est sans précédent pour l'Agence régionale de santé de Provence-Alpes-Côte d'Azur. Celle-ci met en garde contre toute confusion avec une autre crise qu'elle gère, celle des évacués de Wuhan, en quarantaine près de Marseille après avoir été évacués de Chine à cause du coronavirus.

Plus de trois semaines après les premiers symptômes de pneumonie, c'est l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille qui a donné l'alerte à partir de la veille qu'il établit toutes les semaines sur les prélèvements de bactéries dans les hôpitaux.

Une population particulière

Depuis début janvier, des milliers d'employés s'activent sur le Norwegian Spirit. Ceux qui entretiennent la coque sous la ligne de flottaison sont des salariés du chantier naval de Marseille. Ceux qui refont l'intérieur sont des sous-traitants de l'armateur, Italiens, Français, Roumains ou encore Lituaniens...

Les premiers pourront être vaccinés, dans les bureaux de leur entreprise, mais ce sont les sous-traitants qui sont touchés par l'épidémie et sont les premiers concernés par la vaccination de l’ARS.

"Ces personnes sont soumises à des conditions de travail qui altèrent leur immunité pulmonaire" et les fragilisent face à la bactérie, souligne le Dr Christiane Bruel, médecin à l’ARS, qui évoque "beaucoup de poussière et d'utilisation de solvants". Selon l’ARS, ils ne dépendent pas de la médecine du travail française.

L'opération a aussi pour but que la maladie ne se transmette pas ailleurs : d'autres épidémies de pneumocoque ont éclaté sur des chantiers navals ces dernières années, en Norvège, en Irlande ou encore en Finlande à Turku, où une trentaine de salariés sur 7.000 sont tombés malades. Le Norwegian Spirit, lui, doit quitter Marseille cette semaine. Et ses travailleurs partiront ailleurs, pour de nouveaux chantiers.

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