Les soignants ne prennent pas soin de leur santé
Alcool, tabac, prévention... les professionnels de santé sont nombreux à adopter des comportements à risque, selon une vaste étude publiée ce 10 décembre.
"Les cordonniers sont de plus en plus mal chaussés" résume l'institut de sondage Odoxa dans son baromètre "Carnet de santé" réalisé pour la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH), Le Figaro, France Info et le Quotidien du Médecin.
Un chiffre, mis en avant par l’institut, illustre le paradoxe : 38% des personnels hospitaliers ont été malades au cours des deux mois précédent l’enquête. "C’est presque deux fois plus que la population générale, et six points de plus que l’année dernière à la même époque", observe-t-on à Odoxa.
Pour cette enquête, plus de 6.000 professionnels de santé ont été interrogés en ligne durant tout le mois d’octobre 2018 : médecins, infirmiers, aides-soignants, pharmaciens, dentistes, kinésithérapeutes ou encore sages-femmes, libéraux et hospitaliers.
En matière de prévention, le bilan est mauvais. Ainsi, 2 soignants sur 5, et même 3 médecins sur 5 (spécialistes ou généralistes), n'ont pas de médecin référent. À la question "vous faites-vous vacciner contre la grippe?", 53% répondent "non", 36% "oui, tous les ans" et 16% "oui mais pas tous les ans". Plus de 6 infirmiers et aides-soignants sur 10 répondent négativement.
Autre constat : "nombreux sont ceux qui ont des comportements à risque que, pourtant, ils combattent auprès de leurs patients". En effet, 1 médecin sur 10 déclare consommer de l'alcool "tous les jours ou presque", et 18% des spécialistes comme 18% des généralistes, en consomment "plusieurs fois par semaine". Plus d'un soignant sur dix (12%) fume quotidiennement, un chiffre qui double chez les infirmiers (20%) et aides-soignants (22%) "pour rejoindre les niveaux observés dans la population générale", selon l'enquête.
L'absence d'activité sportive concerne par ailleurs plus d'un tiers des soignants (35%) et plus d'un aide-soignant sur deux (56%).
Les aides-soignants sont les plus mal lotis
Côté conditions de travail, près de 6 professionnels de santé sur 10 travaillent le week-end (15% "presque toujours" et 44% "régulièrement"), un chiffre qui "culmine" à 9 sur 10 chez les infirmiers et les aides-soignants.
Ces derniers "représentent, de loin, les groupes professionnels les plus frappés par les problèmes de santé", soulignent les auteurs du rapport. En moyenne, les professionnels de santé ont pris 7,5 jours d'arrêt de travail au cours des 12 derniers mois (14,3 jours à l’hôpital contre 3,5 en libéral), les aides-soignants et les infirmiers ayant pris respectivement 24 et 14 jours d'arrêt.
avec AFP