Plus de 2.000 sans domicile fixe meurent chaque année dans nos rues

Cette nouvelle étude est basée sur des recoupements entre les données du Collectif Les morts de la rue et celles de la base nationale des causes médicales de décès du Cépi-DC Inserm. L'estimation tient compte du fait qu'aucune des deux bases données n'est exhaustive. 

Les auteurs de ces travaux notent qu'en dépit de l'augmentation de 50% du nombre de personnes sans domicile fixe entre 2001 et 2012, il existe peu d'études décrivant la mortalité au sein de cette population, pourtant identifiée comme "à risque de décès prématurés".

Selon un recensement partiel du rapport du Collectif les morts de la rue, rendu public le 12 novembre (portant sur 498 personnes décédées en 2014), les victimes étaient majoritairement des hommes (88%), décédés en moyenne à 49 ans. L'âge moyen de décès des hommes dans la population générale s'établit à 79 ans.

Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) dans lequel a été publiée l’estimation des décès présente d’autres constats alarmants. Les chercheurs de l'Institut de veille sanitaire (InVS) relèvent ainsi "un accroissement des familles [sans domicile fixe] ayant des enfants" au cours de la dernière décennie. Selon les données présentées, près d'un tiers des sans domicile fixe sont des enfants. Un quart des adultes SDF travaillent. Toutefois, leurs emplois sont le plus souvent précaires, peu qualifiés et mal rémunérés, rappelle le bulletin.

Plus de 10.000 familles sans logement pour la seule région Île-de-France

Le nombre de familles sans logement est estimé à 10.280 en Île-de-France, selon les premiers résultats de l'enquête EnFams 2013 (consacrée exclusivement à cette région), également publiée dans le BEH. Près de la moitié des familles étaient monoparentale, 22% ayant au moins trois enfants, selon l'enquête. 

La majorité souffrait de malnutrition, avec une forte fréquence d'"insécurité alimentaire", d'anémie (50% des mères et 38% des enfants), de surpoids (38% des mères et 22% des enfants) et d'obésité (32% des mères et 4% des enfants). Les parents étaient majoritairement nés à l'étranger (94%) et résidaient en France depuis 5 ans en moyenne. Près de 30% des mères souffraient de dépression et 20% d'état de stress post-traumatique. 

Toujours selon cette enquête, 20% des enfants SDF franciliens présentaient des troubles de santé mentale et la majorité (80%) avaient un retard du développement.

Source : BEH n°36-37 du 17 novembre 2015 - État de santé et conditions de vie des populations sans domicile