GPA : "une situation ingérable pour les enfants"
Deux jours avant l'ouverture des débats portant sur la révision des lois de bioéthique le 18 janvier 2018, 110 personnalités lancent un appel dans le « Monde » pour la reconnaissance de la gestation pour autrui (GPA) en France.
Ils sont sénateurs, philosophes, avocats, médecins, acteurs, ou encore rabbins. 110 personnalités d’horizons très divers ont décidé le 16 janvier 2018 de se réunir pour plaider en faveur de la GPA à l’occasion de l’ouverture des Etats généraux de la bioéthique. Selon eux, il est temps que la France autorise la « transcription intégrale à l’état civil français de la filiation de l’enfant établie légalement à l’étranger à l’égard de ses parents » après avoir été condamnée à plusieurs reprises par la Cour européenne des droits de l’Homme. Aujourd’hui, seule la filiation paternelle est reconnue, ce qui conduit à « une situation ingérable pour les enfants nés d’une GPA » dénonce l’un des signataires, Michael Grynberg, chef du service de médecine de la reproduction à l’hôpital A. Béclère à Clamart. « Ils ont droit à la reconnaissance de leur filiation » clame t-il.
Des pratiques cachées à l'origine de dérives
Ce médecin confie d’ailleurs être au moins « deux à trois fois par mois » confronté à des patients qui lui avouent envisager une GPA à l’étranger. Ainsi, selon lui, « même sans être un fervent militant de la GPA, on ne peut pas faire comme si cette technique n’existait pas. C’est une réalité et c’est cette pratique cachée qui est responsable de toutes les dérives actuelles ». Les dérives visées ? Les pays qui autorisent la GPA sans encadrement conduisant notamment à la marchandisation du corps de la femme, souvent dans des situations socio-économiques dramatiques. Pour ce gynécologue, en attendant la possibilité des greffes de l’utérus « qui palliera sans doute un jour une partie des demandes de couples », il est nécessaire d’ « encadrer la GPA avec des critères stricts et en accord avec les principes éthiques propres à la France ».
Pour une convention internationale de la GPA
Les signataires de la tribune vont encore plus loin, prônant une convention internationale de la GPA afin que la « dignité des femmes » et la « sécurité des enfants » soient respectées. Et rappellent à cet effet que des pays voisins tels que le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Portugal et la Grèce ont déjà légalisé la GPA. Dernier argument de taille pour ces derniers : la majorité des français, soit 64%, serait favorable à une forme de légalisation de la GPA, selon le dernier sondage IFOP pour La Croix et le Forum européen de bioéthique de janvier 2018. A voir si cette tribune pèsera dans les débats des Etats généraux qui se tiendront jusqu’au 7 juillet prochain et qui nourriront un projet de loi bioéthique prévu pour être « déposé à l’automne » d'après l’AFP.