La réalité virtuelle s'invite au bloc opératoire
La réalité virtuelle se développe en médecine pour construire des prothèses de main, de visage, des crânes ou même pour aider certains chirurgiens lors d'opérations difficiles. Les futurs chirurgiens et infirmiers vont désormais pouvoir l'utiliser pour mieux se former. Autre application : l'éducation thérapeutique du patient… Coup de projecteur sur une technique qui a le vent en poupe.
Elle a fait son apparition dans les jeux vidéo, les joueurs se retrouvant dans des univers fantasmatiques défiant le monde réel. Les films, les clips vidéos, les musées et même la pornographie y ont succombé, offrant des sensations exacerbées aux spectateurs.
Mais la réalité virtuelle ne se contente pas d'être ludique, elle a un rôle à jouer en médecine, avec par exemple la prise en charge des phobies, et dans la formation des professionnels de santé !
Elle correspond à une simulation de la réalité, qui immerge l'utilisateur dans un monde virtuel ; l'impossible devient possible à l'aide d'outils informatiques toujours plus performants... En pratique, un casque occultant offre un environnement virtuel grâce à une appli pour smartphone (les images de l'intervention ou des gestes infirmiers ont été au préalable filmées puis intégrées grâce au logiciel de réalité virtuelle). Le téléphone est cliqué sur le masque et l'utilisateur est immergé dans cette réalité, avec lequel elle peut interagir.
Aujourd'hui, plonger dans la tête d'un chirurgien et vivre ses interventions chirurgicales, comme si on était lui, est réalisable grâce à une application pour smartphone, développée par une société française, Revinax. "Le but est la pédagogie, en étant immergé dans la tête du chirurgien, du médecin, de l'infirmier, détaille le Dr Antoine Faix, Urologue, Responsable du Comité d’Andrologie et de Médecine Sexuelle de l'Association Française d'Urologie (AFU). Le patient peut lui aussi être concerné, car il y a un champ d'apprentissage en éducation thérapeutique du patient qui est très important. Le malade pourrait apprendre dans un avenir proche les soins tels que l'auto-sondage urinaire, les soins de stomie, ou l'utilisation d'un vacuum."
L'urologue décrit l'expérience comme une véritable révolution dans le monde médical en terme de pédagogie, dans l'apprentissage des professionnels de santé, et des patients...
En quoi est-ce différent de la 3D ?
Dans la réalité virtuelle, l'utilisateur est vraiment en situation, à la place de celui qui fait l'intervention ou le geste. "Il y a une interface, avec une souris, développe l'urologue. On peut naviguer dans les différentes options, de façon à découvrir les différentes techniques chirurgicales pour le chirurgien, les types de soins pour l'infirmier, la façon de se servir d'un implant ou de faire un sondage pour un patient".
Le chirurgien raconte comment il utilise la technique pour former ses jeunes internes ou les infirmiers : "Je leur mets le masque pour qu'ils apprennent la technique chirurgicale et on en parle ensuite. On est à 100% dans ce que l'on voit lorsque l'on a le masque ! C'est proche de la simulation en vol pour un pilote, mais la différence est pédagogique, avec l’apprentissage des gestes futurs pour le chirurgien, le professionnel de santé ou le patient."
Des applications prometteuses…
"Nous travaillons aussi sur des technologies innovantes priorisant la réalité virtuelle pour des formations approfondies, explique Jean-Vincent Trives, co-président avec le Dr Maxime Ros de la société Revinax. Cette technique améliore l'efficacité d'apprentissage par des mesures cognitives connues (telle que les neurones miroirs et l'implication émotionnelle) tout en diminuant les contraintes logistiques et géographiques. Nous travaillons actuellement à l’élaboration de classes virtuelles, à la manière des MOOC (Massive Open Online Course).
Le Dr Faix s'enthousiasme à propos de la chirurgie en direct, proposée courant 2016, où des gens en amphithéâtre regardent des chirurgiens renommés effectuer leurs opérations. "En amphithéâtre, certaines subtilités échappent, regrette-t-il. Alors qu'avec le masque, on perçoit nettement l'intervention et ses subtilités techniques".