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L'abus de chlore pourrait nuire à la fertilité des garçons

Une étude menée par le Pr Alfred Bernard, toxicologue à l'Université catholique de Louvain, sur un groupe d'adolescents belges, montre que les garçons ayant beaucoup fréquenté des piscines fermées traitées au chlore dans leur enfance présentent des taux d'hormones anormaux qui pourraient influer sur leur fertilité.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Déjà connu pour ses travaux sur les risques pulmonaires liés à l'eau chlorée des piscines, le Pr. Alfred Bernard, toxicologue à l'Université catholique de Louvain et directeur de recherches au Fonds de la Recherche Scientifique (FNRS), a publié dans l'International Journal of Andrology, une étude menée sur 361 adolescents belges entre 14 et 18 ans et qui porte sur une corrélation entre la fréquentation des piscines chlorées fermées et les risques sur leur fertilité.

Il a établi que les sujets qui avaient passé plus de 250 heures en piscine chlorée fermée avant l'âge de 10 ans, ou plus de 125 heures avant 7 ans, présentaient un risque trois fois plus important d'avoir des troubles de la fertilité. Les taux d'inhibine B et de testostérone totale, deux hormones marqueurs de la fertilité, sont inversement proportionnels au temps passé dans ces piscines. Les variations peuvent être de 20 % plus basses que chez des garçons n'y ayant jamais été. Une concentration basse, particulièrement d'inhibine B peut être un révélateur d'infertilité masculine. Selon le Pr. Bernard, "chez 10 % des adultes dont la fertilité pose un problème, les valeurs d'inhibine B sont en déficit." Cette hormone est produite par les cellules de Sertoli qui se développent au cours de la première année de vie et qui ne se multiplient plus par la suite.

Le chlore qui sert à désinfecter l'eau n'est pas directement responsable de ces variations, mais les composés qui se forment au contact des résidus du corps humain (urée, sueur, salive) sont potentiellement toxiques pour l'homme. Les composés volatiles sont d'ailleurs sources d'irritation des voies respiratoires voire d'asthme. La fréquentation de piscines chlorées mais ouvertes ou utilisant d'autres systèmes de désinfection ne semble pas avoir d'impact significatif sur le taux d'hormones.

Le protocole d'étude a pris en compte d'autres facteurs (sociaux-économiques, âge, consommation de tabac…). Certains d'entre eux comme l'Indice de Masse Corporel (IMC) et la pratique de certains sports auraient une influence sur les variations négatives du taux de ces hormones. Il semblerait aussi que l'allaitement au sein ait des conséquences favorables sur le taux d'inhibine B, sans qu'il y ait pour l'instant d'explication. Cependant, les variations sur les paramètres de l'étude ont permis de faire ressortir que la fréquentation des piscines chlorées fermées demeurait bien la cause principale de la diminution du taux des deux hormones.

L'étude étant sans précédent, des hypothèses sont formulées pour expliquer les résultats. L'une d'entre elles suppose qu'avec la concomitance de la chaleur, de l'action agressive du chlore sur la peau et de l'hydratation de la peau, les composés issus de la dégradation du chlore pénètreraient plus facilement à travers la peau, particulièrement celle du scrotum englobant les testicules. Les sous-produits chlorés endommageraient alors les cellules de Sertoli et de Leydig qui contribuent à la spermatogénèse. Le professeur Bernard appelle à mener d'autres études indépendantes afin de confirmer ses résultats.

En France, les normes concernant les taux de chlore en piscine sont similaires à ceux observés en Belgique.

Source : Internal Journal of Andrology, Nickmilder M, Bernard A. Association between testicular hormones at adolescence and attendance at chlorinated swimming pools during childhood. Int J Androl. 2011 Jun 2. [Epub ahead of print] Pubmed PMID : 21631527

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