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Quelques cas de maladie d'Alzheimer liés au scandale de l'hormone de croissance ?

Trente ans après, les hormones de croissance contaminées pourraient avoir des conséquences totalement inattendues. En plus d'avoir favorisé l'apparition de la maladie de Creutzfeld Jacob chez les personnes traitées, elles pourraient avoir participé à l'émergence d'une forme précoce d'Alzheimer.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Six des huit personnes contaminées par l'hormone de croissance avaient également des signes d'Alzheimer précoce (Image d'illustration)

Dans les années 80, le scandale des hormones de croissance avait fait grand bruit, entraînant la contamination de centaines d'enfants. Parmi eux, 200 sont décédés après avoir contracté Creutzfeldt-Jacob, une maladie neurodégénérative gravissime causée par une forme toxique de protéine, le prion. En cause : l'hormone de croissance injectée, prélevée sur le cerveau de cadavres eux-mêmes contaminés par ces prions anormaux. Si le lien est établi depuis des décennies entre Creutzfeldt-Jacob et ces hormones de croissance, elles pourraient aussi avoir engendré un effet surprenant : le développement de la maladie d'Alzheimer 30 ans plus tard.

Selon une équipe de recherche londonienne, dont les travaux sont publiés le 9 septembre 2015, dans la revue Nature, les préparations d'hormones de croissance étaient non seulement contaminées par des prions, mais aussi par des "graines" de peptide beta-amyloïde. Or, ces protéines beta-amyloïdes, lorsqu'elles sont présentes en excès dans le cerveau, sont l'une des causes principales de la maladie d'Alzheimer !

En autopsiant huit victimes de cette erreur médicale, les chercheurs ont observé des lésions cérébrales symptomatiques de la maladie d'Alzheimer sur six d'entres elles. Une découverte rarissime car ces patients étaient très jeunes, âgés de moins de 51 ans.

Pour les chercheurs, les graines de protéines amyloïdes toxiques se seraient lentement développées dans leurs cerveaux, pendant trente ans d'incubation. Cependant, le doute subsiste… Premièrement, aucun des cobayes n'a montré de son vivant les signes cliniques d'Alzheimer, dont le plus connu est la perte de mémoire. Deuxièmement, sur aucun des cerveaux les chercheurs n'ont retrouvé un des autres indices marquants de la maladie : l'accumulation de protéines tau (voir encadré).

Autre biais : les chercheurs n'ont pu analyser les extraits d'hormones contaminées, datant de trente ans et difficilement retrouvables. Impossible donc de savoir s'ils contenaient réellement des grains de protéines amyloïdes.

Une forme de transmission de la maladie d'Alzheimer...

Alzheimer, une maladie contagieuse ? Pas vraiment... Car la découverte est bien plus complexe… La maladie ne se transmet pas comme un simple virus de la grippe. Pour qu'il y ait "contagion", comme observé dans l'étude, il faut qu'il y ait transmission des protéines beta-amyloïdes. Un passage qui ne peut se faire, pour résumer, que de cerveau à cerveau, via des procédures médicales par exemple.

Par ailleurs, les conditions de ces observations restent extrêmement inhabituelles et ne se retrouvent plus actuellement. Depuis 1988, suite au scandale, les hormones de croissance ne sont plus prélevées sur les hypophyses de cadavres, mais synthétisées artificiellement en laboratoire. Aucune inquiétude à avoir pour l'avenir donc… Dans les années 70 et 80, 30.000 personnes avaient été contaminées par l'hormone, principalement en France, où 119 enfants sont décédés, en Angleterre et aux Etats Unis.

La propagation des protéines amyloïdes en jeu

Pour l'heure, l'étude a tout de même l'avantage de confirmer l'hypothèse d'une transmission de l'amylose (propagation des plaques amyloïdes dans le cerveau). De récents travaux sur la souris, publiés également dans Nature, révèlent que ces protéines peuvent se réveiller des années après dans le cerveau pour causer la maladie d'Alzheimer.

Ce n'est pas la première fois que la communauté scientifique montre que certaines maladies neurodégénératives peuvent être contagieuses. En 2015, une étude avait déjà observé que les prions pouvaient être transmis… par des pratiques cannibales !

En attendant la confirmation de cette étude sur un plus grand nombre de patients, les chercheurs rappellent que les principaux facteurs pour la maladie d'Alzheimer restent l'âge, la génétique et le mode de vie.

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Source : Evidence for human transmission of amyloid-β pathology and cerebral amyloid angiopathy. Z. Jaunmuktane et al. Nature, septembre 2015. doi:10.1038/nature15369

La maladie d'Alzheimer se caractérise par deux types de lésions cérébrales.

D'un côté, la maladie résulte d'une production excessive de la protéine beta-amyloïde dans le cerveau. En tant normal, ces protéines sont naturellement éliminées. Mais lorsque le système de "nettoyage" fonctionne mal, elles s'agrègent pour léser les neurones.

Le second mécanisme en jeu dans la maladie d'Alzheimer est la rigidification des neurones, causée par le dysfonctionnement d'un autre peptide : la protéine tau. Ces neurones abimés entrainent des dégâts cognitifs. 

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