Pourquoi mains et pieds se fripent dans l'eau
Les sillons temporaires qui se dessinent sur la peau à la suite d'une exposition prolongée à l'eau ne seraient pas le fruit du hasard. Le phénomène aurait en effet constitué un avantage évolutif non négligeable pour nos ancêtres, selon une étude récente réalisée par une équipe de biologistes britanniques.
Si les mains restent trop longtemps dans l'eau, elles se fripent. Le phénomène n'est pourtant pas dû à une infiltration d'eau dans les pores de la peau, comme on pourrait le croire, mais à une commande nerveuse spécifique bien identifiée des biologistes.
Lorsque le corps détecte que les doigts sont restés mouillés pendant un certain temps, le système nerveux réduit le volume des vaisseaux sanguins. Le volume de la main s'en trouve diminué mais, la peau conservant la même surface, un fripement s'ensuit.
Cet étrange phénomène constituait-il un dysfonctionnement, ou bien offrait-il un avantage évolutif pour nos ancêtres, qui l'aurait ainsi transmis en héritage ?
Une expérience réalisée par des biologistes de l'Université de Newcastle semble avoir tranché la question. Des volontaires étaient invités à attraper des billes de différentes tailles, tantôt placées à la surface d'une table, tantôt au fond d'un aquarium. Leurs performances ont été comparées selon qu'ils débutaient l'expérience les mains sèches, ou après trente minutes d'immersion dans l'eau chaude.
Les expériences aquatiques réalisées avec mains fripées se sont révélés 12% plus rapides que celles effectuées en débutant les mains sèches. Aucune différence significative n'a en revanche été mesurée concernant la préhension de billes sèches.
"Si on remonte le temps, ce plissement de nos doigts aurait pu aider nos ancêtres à récolter de la nourriture dans des cours d'eau ou des végétaux humides", a expliqué Tom Smulders, auteur de l'étude, dans un entretien à l'AFP. "Selon nous, il s'agit probablement d'une adaptation au cours de l'évolution, qui peut aussi concerner la locomotion" - le phénomène s'observant également à la surface des pieds.
La découverte de Smulders, publiée le 8 janvier 2013 dans la revue Biology Letters, rejoint les travaux antérieurs d'une équipe américaine sur la dispersion des sillons de plissements sur la peau mouillée. Ces recherches, conduites en 2011, avaient conclut à l'intérêt de copier les formes prises par la peau fripée… pour dessiner les sillons des "pneus pluies" et des semelles de chaussures de courses !
Source : "Water-induced finger wrinkles improve handling of wet objects", Biology Letters, January 8, 2013, doi: 10.1098/rsbl.2012.0999