Les orthophonistes hospitaliers payés des clopinettes
Il y a 30 ans, pour devenir orthophoniste, il fallait trois ans d'études. Aujourd'hui, c'est en cinq ans. Pourtant, les orthophonistes salariés en hôpitaux n'ont pas vu leurs salaires valorisés à la hauteur de leurs années d'études. Il s'agit de la profession à Bac+5 la plus mal rémunérée de toute la fonction publique.
Des négociations ont débuté il y a trois ans avec le ministère de la Santé pour revaloriser les salaires des orthophonistes en hôpital, mais aucune des propositions n'a encore donné satisfaction.
Leur présence suscite parfois l'étonnement dans des services prenant en charge des adultes. De fait, certains ne s'occupent ni des difficultés du langage ni des enfants. Nous sommes ainsi allés à la rencontre d’une spécialiste des troubles de la déglutition chez les personnes âgées (voir vidéo).
Malgré dix ans d’ancienneté à l’hôpital, son salaire - 1.800 euros net par mois - est loin d’être à la hauteur de son expertise… "Sans conviction d’œuvrer pour le bien, on va travailler ailleurs", nous confie-t-elle.
"Ailleurs", c’est en activité libérale, où les revenus sont bien plus attractifs. Les orthophonistes désertent ainsi les hôpitaux, laissant derrière eux des postes vacants. En effet, rares sont ceux qui acceptent de débuter leur carrière à 1.550 euros brut par mois (50 euros de plus que le SMIC) pour escompter, après 25 ans de travail, une rémunération de 2.276 euros brut…
Les orthophonistes ne sont pas réputés pour être des contestataires, mais la profession sort progressivement du silence pour réclamer cette revalorisation des salaires. Le ministère de la Santé a assuré "qu'un plan d’action serait présenté très prochainement". Une promesse qui devait initialement se transformer en actes au mois de septembre.