Soigner grâce à la toxine botulique
Vous la connaissez surtout pour estomper les rides. Pourtant, son utilisation dépasse largement le champ de la médecine esthétique. Urologie, ORL, neurologie... La toxine botulique est couramment utilisée dans le traitement de nombreuses pathologies.
Qu'est-ce que la toxine botulique ?
A l'origine, la toxine botulique est un poison. Un poison très puissant qui peut tuer. Cette toxine est produite par une bactérie : le Clostridium botulinum. Et son ingestion par le biais d'aliments contaminés entraîne effectivement la paralysie des muscles. C'est ce qu'on appelle le botulisme. Comme souvent, les poisons sont à l'origine de médicaments.
Tout est une histoire de dose. Et c'est au début des années 50 que l'Américain Vernon Brooks découvre les vertus de la toxine botulique sur les contractions musculaires involontaires. Il faut attendre 1980 pour que la toxine botulique soit utilisée pour la première fois chez l'homme par un ophtalmologue américain, le Dr Alan Scott, pour traiter le strabisme.
Depuis, les indications thérapeutiques de la toxine botulique n'ont cessé de se multiplier. En médecine esthétique pour estomper les rides, puis en urologie pour traiter l'incontinence ou encore en dermatologie pour lutter contre la transpiration excessive. La toxine botulique est aussi très souvent utilisée dans un autre domaine, moins connu : la médecine ORL.
La toxine botulique pour traiter la dysphonie spasmodique
La toxine botulique est utilisée pour traiter certains troubles de la voix, comme la dysphonie spasmodique. Cette affection neurologique du larynx se caractérise par des contractions inappropriées des muscles du larynx.
L'injection de toxine botulique est réalisée sans anesthésie, ni hospitalisation. Cette technique simple et efficace permet une amélioration spectaculaire de l'état des patients.
Pour injecter la toxine botulique au bon endroit, le médecin s'aide de l'électromyographie. L'aiguille qui sert à l'injection est reliée à une machine. Pendant la respiration, les cordes vocales sont au repos. Lorsque l'on parle, elles se contractent et se touchent. L'appareil permet de visualiser ces mouvements et d'injecter le produit dans le bon muscle.
Les injections ne sont pas du tout douloureuses. Les effets de la toxine botulique se font sentir quelques jours après l'injection. A court terme, des effets secondaires temporaires et réversibles peuvent être observés : une faiblesse trop importante du muscle injecté, une aphonie et des troubles de la déglutition.
Ce traitement, pris en charge par la Sécurité sociale, est purement symptomatique et ses effets s'estompent en quelques mois. Les injections sont renouvelées deux à trois fois par an. Un faible pourcentage de patients peut développer des anticorps altérant la toxine, ce qui abaisse ou annule son efficacité.
La toxine botulique pour traiter le bruxisme
La toxine botulique est aussi une solution pour une autre pathologie très fréquente : le bruxisme, le fait de serrer involontairement la mâchoire. Elle est particulièrement efficace sur les douleurs que le bruxisme peut engendrer.
Les doses des injections sont adaptées en fonction de chaque patient. Le médecin procède à trois injections de chaque côté du visage. L'ORL s'aide de l'électromyographie pour injecter la toxine botulique dans le bon muscle. La toxine botulique fait effet quelques jours après l'injection, avec un effet maximal obtenu en 2 à quelques semaines.
Les injections de toxine botulique peuvent modifier l'ovale du visage à cause de la fonte musculaire et entraîner des difficultés pour mastiquer.
L'effet de la toxine botulique s'estompe progressivement, c'est l'une de ses caractéristiques. Dans la plupart des indications, il faut donc renouveler les injections régulièrement, tous les 4 à 6 mois environ (variable selon les patients). A ce jour, aucun effet secondaire sur le long terme n'a été constaté.
Dans les cas médicaux, une injection de toxine botulique coûte environ 150 euros et elle est entièrement prise en charge. En médecine esthétique, il faut compter plusieurs centaines d'euros par injection, non remboursés.