Tout le monde peut-il tomber dans les griffes d'un charlatan ou d'un gourou ?
Certains profils psychologiques sont-ils plus susceptibles que d'autres de tomber dans les griffes d'un charlatan ?
Les réponses avec Serge Blisko, médecin généraliste et président de la Miviludes, et avec Sonya Jougla, psychologue clinicienne :
"Depuis les lois de 2002 des droits du malade, on essaie d'expliquer aux équipes médicales que la rapidité ne veut pas dire nécessairement une efficacité, une adhésion aux traitements donc il faut s'appuyer sur la famille. Et on a montré que ce sont des personnes qui en général quand on leur annonce un mauvais diagnostic, deviennent très vulnérables, très fragiles. L'équipe médicale ne doit pas être trop technique. Je regrette que dans certains hôpitaux, on n'ait pas de psychologues avec ces équipes médicales en particulier dans les services les plus lourds de cancérologie ou de neurologie… là où on a besoin d'un apport un peu compliqué par rapport au malade. Il faut prendre le temps, il faut prendre le temps d'expliquer, il faut aussi prendre le temps d'écouter parce que souvent on explique et on n'écoute pas ce que dit le malade. Les charlatans, eux, écoutent beaucoup."
"Enormément de patients ont pu me dire que c'était bien sûr une équipe formidable médicale classique qui pouvait les prendre en charge avec de l'empathie, en prenant du temps qui a fait qu'ils ne sont pas partis ailleurs.
"Concernant le profil psychologique des personnes susceptibles de tomber dans les griffes d'un charlatan, il n'y a pas de profil type. Tout le monde peut tomber dans les griffes de charlatans, en revanche certainement pas à n'importe quel endroit. Les personnes vont choisir leur médecine alternative qu'ils vont vouloir avoir pour se faire soigner, elles vont choisir leur équipe, elles vont choisir leur gourou, le groupe sectaire… Mais tout le monde peut bien sûr tomber dans les griffes de ces groupes, mais pas dans n'importe lequel."
"Ce sont des moments difficiles. Il y a des personnes qui se disent qu'elles seront protégées de ça… mais ce n'est pas vrai. Tout le monde peut, à un moment ou un autre, parce qu'on a une très mauvaise nouvelle professionnelle, familiale, médicale… être dans un état de fragilisation. C'est la qualité de l'entourage, sa rationalité et le fait qu'on trouve une équipe pluridisciplinaire pour nous écouter, c'est-à-dire qui sache vous écouter et qui prenne le temps de vous écouter, qui fait qu'on ne tombera pas dans les griffes de charlatans."