En fin de vie, la chimiothérapie nuirait à la qualité de vie
Dans les dernières semaines de vie, les traitements par chimiothérapies deviendraient préjudiciables pour les patients atteints de cancers incurables. Alors que la chimiothérapie ne rallonge pas significativement l'espérance de vie, elles nuirait même dans certains cas à la qualité de vie de patients encore capables d'agir au quotidien.
La chimiothérapie, prescrite en fin de vie, n'aurait pas de bienfaits cliniques, selon une étude publiée dans la revue JAMA Oncology le 23 juillet 2015. Pour examiner la relation entre le recours à la chimiothérapie et la qualité de vie à l'approche de la mort, ces chercheurs ont suivi 312 malades atteints d'un cancer généralisé pendant quatre mois avant leur décès. La majorité des patients étaient des hommes âgés en moyenne de 58,6 ans, et 10% d'entre eux avaient reçu une chimiothérapie dans les 30 derniers jours de leur vie.
L'étude a montré que la chimiothérapie ne contribuait pas à une amélioration de la qualité de vie pour les malades en phase terminale. Et elle détériorerait même le quotidien de ceux encore aptes à effectuer des tâches de la vie courante. Aux derniers instants de leur vie, les malades répondent finalement peu à la chimiothérapie, qui peut même avoir un effet toxique, indique l'étude. Elle ne permettrait pas non plus de rallonger l'espérance de vie de manière significative.
Privilégier les soins palliatifs et l'accompagnement
"Le but d'une chimiothérapie pour les patients avec un cancer incurable est de prolonger leur vie", explique l'étude. Selon les chercheurs, ces observations devraient pousser à modifier les directives émises par l'American society of clinical oncology (ASCO). Ces dernières recommandent la chimiothérapie à tout stade.
Cependant, généraliser ces nouvelles conclusions à tous les malades en fin de vie ne serait pas forcément le plus heureux. Dans un éditorial publié dans JAMA, les docteurs Charles Blanke et Erik Fromme de l'Université d'Oregon ont estimé qu'à ce stade "il ne serait pas souhaitable de modifier les directives de l'ASCO pour empêcher tous les malades en phase terminale d'un cancer d'avoir de la chimiothérapie et ce sans données irréfutables indiquant qui pourrait en bénéficier".
Ils ajoutent tout de même que "si un cancérologue suspecte qu'un malade est condamné dans les six mois, on devrait alors éviter un tel traitement" pour favoriser des soins palliatifs.
Source : Chemotherapy Use, Performance Status, and Quality of Life at the End of Life. H. Prigerson et al. JAMA Oncology, juillet 2015. doi:10.1001/jamaoncol.2015.2378
Avec AFP