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Il frôle l'amputation après une morsure d'araignée

Patrice, 60 ans, a failli perdre sa main, sans doute après avoir été mordu par une araignée « Recluse » pendant son sommeil. Son traitement à l’hôpital de Nancy lui a permis de récupérer toute la mobilité de sa main.

Lucile Boutillier
Rédigé le , mis à jour le
Illustration d'une d'araignée violoniste.

En juin 2020, Patrice Genet a cru perdre complètement l’usage de sa main. Ce Lorrain de 60 ans a probablement été mordu durant son sommeil par une araignée « Recluse », particulièrement venimeuse. 

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Une morsure pendant la nuit

Dans la nuit du 1er au 2 juin 2020, Patrice Genet ne constate rien de particulier. En se réveillant, c’est tout juste s’il remarque ce qu’il prend pour une piqûre de moustique sur le dos de sa main. « J’ai travaillé dans mon jardin le matin, mais ça gonflait de plus en plus », raconte-t-il à Allodocteurs.fr. « A 3h de l’après-midi, je ne pouvais plus travailler. »

M. Genet montre alors sa main à son médecin traitant qui lui prescrit des antibiotiques. « Le lendemain, ça a été pire », se souvient-il. « En huit heures, la douleur est montée. »

Une inflammation fulgurante

Le 3 juin, le sexagénaire arrive aux urgences de l’hôpital de Nancy, où on lui parle d'inflammation fulgurante. Il y est pris en charge par un médecin du service de chirurgie plastique et reconstructrice de l'appareil locomoteur : le Dr Romain Detammaecker.

Ce dernier pose alors un premier diagnostic. « Cette évolution rapide rend probable que ce soit une morsure d’araignée. Jusqu’à preuve du contraire, c’est une morsure, mais on ne peut pas en être sûrs », indique-t-il.

48 heures pour nettoyer

Après une morsure d’araignée Recluse, le chirurgien n’a que 48 heures pour nettoyer et retirer les tissus infectés. Heureusement, l'opération de Patrice Genet a lieu 36 heures après l'heure présumée de la morsure.

Mais le médecin constate au bout d’une semaine que les tissus de la main de M. Genet sont nécrosés, c'est à dire infectés et morts. Ce genre d'infection progresse très rapidement. La solution : amputer. Mais Le Dr Detammaecker tente le tout pour le tout. « On a dû reprendre le patient au bloc opératoire pour ‘exciser’, c’est à dire retirer tous les tissus nécrosés », explique le chirurgien.

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Le risque d'amputation

Après l'opération, la nécrose disparaît. Mais le nettoyage des tissus a exposé les tendons de Patrice Genet. Ils risquent de nécroser à leur tour s'ils ne sont pas couverts de tissus vascularisés. "Lors d'un nettoyage, le moindre tissu douteux doit être excisé. Si on n’est pas assez généreux, on risque de ne pas guérir l’infection", explique son chirurgien. 

Pour sauver la main de son patient, le Dr Detammaecker utilise une méthode exigeante, pratiquée une à deux fois par semaine par son service. Il couvre la blessure avec un morceau de chair du ventre, selon la méthode du « lambeau inguinal pédiculé ». Patrice Genet garde ainsi la main attachée à son ventre pendant 4 semaines pour une sorte d’auto-greffe de peau.

Une procédure délicate

Selon le médecin, « si on n’avait pas couvert ses tendons de manière satisfaisante, ils auraient nécrosé, ce qui aurait empêché l’ouverture des doigts. Les tendons peuvent adhérer à la peau des doigts, ce qui fait que les doigts ne bougent plus. »

Patrice Genet a été très marqué par l’idée qu’il aurait pu perdre sa main. « On se couche dans son lit, le matin on n’a rien et en 48 heures on manque de se faire amputer, » déclare-t-il, songeur.

Une rémission spectaculaire

Le traitement de Patrice Genet n’est pas encore terminé. Comme le sexagénaire l’explique, « J’ai eu quatre opérations, et je vais en avoir d’autres pour ‘dégraisser’ le dos de ma main, c’est-à-dire pour que la peau redevienne fine. Là, ça dépasse de quatre centimètres. » 

« C’est une peau un peu épaisse pour la surface de la main, » concède le Dr Detammaecker, « mais c’est un problème d’ordre uniquement esthétique. Il n’y a aucun problème de mobilité, car la rééducation a été faite immédiatement. »

« Le chirurgien - que je félicite - est étonné car j’arrive déjà à bouger mes doigts, » confirme Patrice Genet. « Comme je dormais mal à l’hôpital, je m’entraînais tous les jours et toutes les nuits à bouger ma main et mes doigts. C’était douloureux, mais le chirurgien a dit que c’est ça qui a sauvé ma main. Il fallait à tout prix que mes tendons ne collent pas. »

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Prudence en cas de morsure

La plupart du temps, le Dr Detammaecker traite des patients mordus par des animaux domestiques. « En général, les piqûres d’insectes ne s’infectent pas autant », commente-t-il. « Beaucoup de patients sont des personnes qui se font mordre par un chat ou un chien et ne désinfectent qu’en surface. »

En cas de morsure par un animal, le médecin recommande de consulter un spécialiste rapidement, « même si ça a l’air bénin ». « Cela évite une récupération plus longue et moins efficace. Mieux vaut consulter trop et avoir une guérison en 15 jours que ne pas consulter et avoir un arrêt de travail de longue durée, » assure-t-il.

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