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Radiothérapie : de bons ou de mauvais rayons ?

La radiothérapie est une technique médicale utilisée pour lutter contre le cancer. Cette méthode consiste à détruire les cellules cancéreuses par rayonnement. Comment ça marche ? Existe-t-il un risque pour la santé de se faire soigner par des rayons ?

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Qu'est-ce que la radiothérapie ?

La radiothérapie expliquée par Marina Carrère d'Encausse et Antoine Piau

Rougeurs sur la peau, chute de cheveux, vomissements, fatigue, brûlures... Les effets secondaires de la radiothérapie sont très nombreux et divers. La radiothérapie reste malgré tout un des traitements majeurs des différents cancers. Elle peut être utilisée seule ou associée à une chirurgie. En 2015, plus de 200.000 patients atteints d'un cancer ont eu recours à cette technique. Elle représente un progrès incontournable mais elle suscite toujours des inquiétudes et soulève de nombreuses questions.

Chaque cellule de notre corps se renouvelle grâce à un mécanisme de division cellulaire parfaitement régulé. Le cancer, lui, apparaît lorsque cette régulation ne se fait plus correctement. Les cellules se mettent alors à se multiplier de façon anarchique pour former une masse qui augmente de taille, c'est la tumeur.

Le principe de la radiothérapie consiste à exposer les cellules cancéreuses à une ionisation : une émission de radiations qui va altérer le coeur de la cellule malade, autrement dit attaquer son matériel génétique. L'ADN subit alors des transformations, qui rendent la cellule incapable de se reproduire, la multiplication anarchique est bloquée.

Dans la radiothérapie "conventionnelle", la source des rayons provient de l'extérieur du corps. Dans la curiethérapie, la source radioactive est placée dans l'organisme sous forme de petites billes. Quelle que soit la méthode utilisée, le rayonnement dépose tout au long de son trajet de l'énergie. Il est donc possible que des cellules saines soient touchées et c'est ce qui provoque le plus souvent les effets secondaires. Ces effets dépendent du type de cancer et de la zone irradiée ainsi que de la quantité de rayons administrée.

Peut-on avoir confiance en la radiothérapie ?

Le point sur la radiothérapie

Si la radiothérapie est une arme très efficace contre le cancer, les incidents d'Epinal (5.500 patients ont été surirradiés de 1987 à 2006 au centre hospitalier d'Epinal), et de Toulouse (145 patients traités par "micro-faisceaux", victimes de surexposition lors d'un traitement par radiothérapieont au CHU de Toulouse-Rangueil) ont marqué à jamais les esprits.

Des cas particuliers certes, mais des cas dramatiques qui ont suscité une inquiétude de la part des patients. La radiothérapie a eu son lot de catastrophes. Depuis, qu'est ce qui a changé ?

Exemple d'une séance de radiothérapie

Illustration dans un centre privé de cancérologie d'une séance de radiothérapie

Avant de commencer une radiothérapie, il faut effectuer un scanner qui va permettre de repérer précisemment la zone à traiter et les organes à protéger. Il servira de référence tout au long du traitement et c'est sur cette imagerie que les techniciens et les médecins vont planifier le traitement, c'est-à-dire qu'il vont déterminer le nombre de séances, le nombre de faisceaux d'irradiation ainsi que la dose quotidienne du traitement. Un travail compliqué mais indispensable pour être le plus efficace possible tout en protégeant la santé du patient.

Comment se déroule ensuite une séance de radiothérapie ? Quelles sont les mesures de sécurité ? Comment les rayons agissent-ils sur la zone malade à traiter ? Qu'est-ce que la dosimétrie ?

Radiothérapie : la surveillance clinique des patients

Les visites de contrôle chez le radiothérapeute permettent de surveiller l'apparition d'éventuels effets secondaires

Au cours du traitement de radiothérapie, il existe ce qu'on appelle des consultations de contrôle, qui permettent de vérifier si des effets secondaires sont apparus.

Epargner les tissus sains

Lors d'une séance de radiothérapie, les rayons irradiants transportent de l'énergie sur tout leur chemin jusqu'à la tumeur. Ce faisant, ils endommagent des cellules saines sur leur passage. Pour éviter au maximum les effets secondaires, le personnel médical doit chercher le meilleur chemin pour atteindre la tumeur tout en préservant les tissus sains.

Les techniques de radiothérapie sont aujourd'hui très sophistiquées et ciblent très précisément la zone à traiter. En cas de cancer du sein côté gauche, pour préserver le coeur et les tissus alentour, les médecins peuvent proposer à certaines patientes de bloquer leur inspiration pendant le traitement pour éloigner la cible de la zone saine.

Altération des vaisseaux proches du coeur, troubles du rythme voire infarctus du myocarde... les complications restent très rares mais peuvent se manifester jusqu'à plusieurs décennies après le traitement. Cette technique constitue donc une précaution supplémentaire pour sécuriser la radiothérapie.

Le traitement avec spiromètre est réservé à des cas particuliers. Cela concerne uniquement la radiothérapie en cas de cancer du sein gauche. Si les patientes ont naturellement le coeur éloigné de la paroi du sein, cette technique n'est pas nécessaire.

Radiothérapie : les effets secondaires tardifs

Marie-Claire souffre de séquelles tardives dues à la radiothérapie.

Les effets secondaires tardifs peuvent survenir cinq ans après la fin d'une radiothérapie. Cela concerne entre 5 et 10% des malades. Il existe des consultations spécifiques pour soulager ces patients de ces séquelles tardives.

Un test pour prédire les séquelles après une radiothérapie

À Montpellier, des malades bénéficient déjà de ce test. (Reportage du 23 mai 2016)

À l'Institut du cancer de Montpellier, une équipe de chercheurs a mis au point un test de radiosensibilité pour prédire les séquelles après une radiothérapie. Sur le marché dans quelques mois, ce test permettra de personnaliser au mieux les traitements de radiothérapie.

Pour savoir si un patient peut supporter la radiothérapie, un test de radiosensibilité est réalisé grâce à une prise de sang comme l'explique le Pr David Azria, chef du service de radiothérapie oncologique à l'Institut du cancer de Montpellier : "Nous testons la réactivité des tissus sains. Donc que le patient ait un cancer de la prostate ou que la patiente ait un cancer du sein ou un cancer ORL, nous pouvons réaliser un test de radiosensibilité du tissu sain. Et c'est ce que fait la prise de sang. On évalue une lignée sanguine particulière qui représente le tissu sain".

Afin de voir l'impact de l'irradiation sur les cellules, les échantillons sanguins sont exposés à des rayons X pendant trois minutes : "Nous mesurons le taux de morts par apoptose des lymphocytes. C'est un type de mort cellulaire en réponse à l'irradiation. Et le taux d'apoptose nous permet de définir la sensibilité du patient à la future radiothérapie qu'il va recevoir", précise Muriel Brengues, immunociblage et radiologie en oncologie à l'Institut du cancer de Montpellier. Plus les cellules meurent sous l'effet des rayons, moins le patient risque d'avoir des séquelles.

Pour le Dr Céline Bourgier, oncologue radiothérapeute, ce test sanguin est un outil supplémentaire pour les radiothérapeutes : "Ce test nous permet de personnaliser le traitement de soins en amont de la radiothérapie pour déterminer la dose d'irradiations la plus adéquate afin de limiter les effets secondaires si le patient ou la patiente est à haut risque d'effets secondaires. Ce test permet également de dépister plus précocement ces effets secondaires et émettre le traitement approprié pour mieux prendre en charge le patient". Ce test en cours de validation devrait se généraliser dans les services de radiothérapie.

Cancers ORL : les effets secondaires de la radiothérapie

Pour traiter les cancers ORL, la radiothérapie est souvent indispensable mais les effets secondaires sont souvent douloureux et difficiles à supporter.

Parmi les effets secondaires parfois induits par la radiothérapie, il y a l'impact sur les dents. Dès la mise en place du traitement, une mise en état de la bouche est nécessaire pour préserver la dentition du patient. Et après la radiothérapie, un suivi bucco-dentaire spécifique est également préconisé.

Chez Philippe, la radiothérapie a provoqué ce qu'on appelle une ostéoradionécrose, c'est-à dire une nécrose de l'os.

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