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Santé des migrants : quelle prise en charge ?

Depuis le mois de mai 2015, face à l'afflux de migrants sur les côtes méditerranéennes et surtout face à une action en demi-teinte de l'Union européenne, deux associations (Médecins sans frontières et Migrant Offshore Aid Station) ont décidé de s'unir et de réagir pour sauver ces populations. Les explications avec Hejer Tliha-Broche.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Le constat des deux associations (Médecins sans frontières et Migrant Offshore Aid Station) est simple : il n'y a pas assez de bateaux pour secourir les réfugiés, et surtout ces derniers sont mal positionnés.

Médecins sans frontières multiplie les sauvetages de migrants en mer

MAOS (Migrant Offshore Aid Station) et MSF (Médecins Sans Frontières) ont déployé trois bateaux au large de la Méditerranée, capables de prendre à bord jusqu'à 2.000 migrants. Ces bateaux (le Dignity 1, le My Phoenix et le Bourbon Argos) sont présents pour secourir les migrants : 15.000 migrants depuis le mois de mai 2015.

Pour secourir les migrants, les associations repèrent les embarcations de fortune dans lesquelles sont entassés les réfugiés, et les mettent en sécurité sur un des trois bateaux pour les emmener sur la terre ferme notamment en Grèce ou en Italie. Les migrants n'ont pas d'autres choix que de passer par la Méditerranée pour entrer en Europe.

À bord des bateaux de MSF, la prise en charge médicale s'organise

Le travail des associations notamment de MSF est aussi de soigner. Dans les bateaux, se trouvent des médecins et des infirmiers. Et les équipes soignantes ont beaucoup de travail. Les migrants arrivent dans un état d'épuisement, certains d'entre eux sont en hypothermie, font des malaises notamment à cause des vapeurs de gasoil qu'ils respirent durant leur traversée. D'autres souffrent de maladies chroniques, diabète ou maladies cardiovasculaires. Ils n'ont pas pris leur traitement depuis plusieurs jours et quand ils les ont sur eux, ces médicaments ont pris l'eau et il faut les jeter.

Line est infirmière à bord du Bourbon Argos, l'un des bateaux de MSF. Elle explique l'organisation médicale sur le bateau : "Notre hôpital, c'est trois chambres : la première pour les urgences, la seconde pour les consultations et la troisième pour des pansements. Il s'agit surtout de brûlures à cause du gasoil, mais il y a aussi beaucoup de mal de tête, mal de mer et beaucoup de déshydratation. On fait aussi beaucoup de pansements à cause des balles en Libye ou des fractures". À 26 ans, Line a déjà participé à une mission Ebola, en Guinée. Elle admet que ce qu'elle vit actuellement est émotionnellement très dur. Parce que sur ces embarcations bricolées, Line et les équipes de MSF sauvent des enfants, des mineurs, des femmes enceintes.

Parmi les migrants, certains ont subi des sévices, des mauvais traitements dans leur pays d'origine (Syrie, Libye, Irak...). Certains ont été victimes de violences, de maltraitance, de torture. Malheureusement, sur les bateaux, il n'y a pas de psychologue mais MSF oriente les migrants vers l'hôpital de Rome quand ils arrivent en Italie ou celui d'Athènes quand ils arrivent en Grèce.

Ces populations sont de passage et veulent en grande majorité rejoindre l'Allemagne. Leur santé est secondaire. MSF leur délivre tout de même une carte de santé, sur laquelle sont indiquées quelques informations sur leur santé. L'association leur propose aussi de se rendre dans des cliniques mobiles qu'elle gère.

L'OMS réclame une "coordination sur le plan sanitaire"

Dans une déclaration, le Dr Zsuzsanna Jakab, directrice régionale de l'OMS pour l'Europe, réclame une coordination sur le plan sanitaire pour les réfugiés arrivant en Europe. "Nous devons d'abord nous assurer que toute personne déplacée ait accès, sans restriction, à un milieu accueillant et, lorsque cela est nécessaire, à des soins de santé de haute qualité, sans discrimination fondée sur le sexe, l'âge, la religion, la nationalité ou la race. C'est aussi la manière la plus sûre de veiller à ce que la population locale ne soit pas exposée inutilement à des agents infectieux importés".

En 2015, 350.000 réfugiés et migrants ont atteint l'Europe. Un chiffre qui vient s'ajouter aux deux millions de personnes qui ont trouvé refuge en Turquie.

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