SOS Méditerranée : 30.000 migrants sauvés en mer depuis 4 ans
Depuis 2016, afin de préserver son indépendance, SOS Méditerranée fonctionne uniquement grâce à l'aide financière des particuliers. Aujourd'hui l'ONG appelle aux dons afin de pouvoir continuer à sauver des vies en mer.
Après l’Aquarius, c’est désormais l’Ocean Viking qui parcourt la Méditerranée pour sauver la vie des milliers de migrants naufragés qui risquent la noyade sur des embarcations de fortune. A la tête de ce projet, l’association SOS Méditerranée, investie depuis 2015 pour le sauvetage en mer mais aussi "pour la protection des personnes secourues à terre et pour la sensibilisation du grand public", nous explique Fabienne Lassalle, directrice adjointe de SOS Méditerranée France.
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"Harcèlement administratif, politique et judiciaire"
Tout commence avec l’Aquarius, bateau affrété en février 2016 qui patrouillera en mer pendant près de trois ans. Mais en juin 2018, c’est le premier navire à qui l’Italie ferme ses ports, avec à ce moment-là 630 personnes à bord.
Durant toute sa période d’activité, l’Aquarius s’est heurté à de nombreuses difficultés : "un harcèlement administratif, politique puis judiciaire" pour finir, quand l’Italie menace de dénoncer le navire pour "mauvaise gestions des déchets à bord", raconte Fabienne Lassalle.
"La situation était grotesque mais en attendant, il aurait fallu se défendre et être bloqué pendant de nombreux mois" regrette-t-elle. Une difficulté à laquelle s’ajoutaient celles liées au pavillon du bateau : "après s’être vus retirés le pavillon de Gibraltar puis celui du Panama, le seul que nous avions trouvé était celui du Liberia" explique Fabienne Lassalle.
Mais ce dernier est empreint de contraintes et interdit notamment de faire du sauvetage en mer. "Nous avons donc finalement rendu l’Aquarius à son propriétaire le 31 décembre 2018" poursuit la directrice adjointe de l’association.
Déjà plus de 1.000 personnes sauvées par l’Ocean Viking
Mais il en fallait plus pour stopper les actions de SOS Méditerrannée. A l'été 2019, l’association affrète un nouveau navire, l’Ocean Viking, avec un pavillon solide : le pavillon norvégien, qui n’est "pas soumis aux pressions européennes" et qui possède une "grande tradition maritime et de protection des droits de l’homme".
Après un grand travail d’aménagement visant à "mieux secourir, accueillir, soigner et protéger les rescapés", l’Ocean Viking démarre ses opérations en juillet 2019.
A eux deux, l’Aquarius et l’Ocean Viking ont secouru 30.734 personnes entre février 2016 et décembre 2019. Des hommes, des femmes et des enfants fuyant un régime opressant, une guerre ou les conséquences d’un changement climatique. Et depuis sa mise en activité, l’Ocean Viking a déjà secouru 1.211 personnes. Soit la moitié de toutes les personnes secourues par les quatre à cinq bateaux d’ONG opérationnels en ce moment en Méditerranée auxquels s’ajoutent les opérations de sauvetage de la part d’autres navires puisqu’il s’agit d’une obligation du droit maritime.
Ce chiffre de 1.211 personnes est également équivalent au nombre de morts enregistrés sur la même période en Méditerranée (1.235), remarque Fabienne Lassalle.
Marins sauveteurs, médecins, sage-femme et infirmiers à bord
A bord de ce nouveau bateau : trois équipes représentant au total une trentaine de personnes. L’équipage, tout d’abord pour faire naviguer le bateau. Puis l’équipe des marins sauveteurs, qui comprend aussi une personne en charge de la communication et une personne en charge du site On board SOS Méditerranée "qui retranscrit tout ce qu’il se passe à bord du navire dans un souci de totale transparence", note Fabienne Lassalle.
Troisième équipe : celles de Médecins sans frontières, le partenaire médical de SOS Méditerranée qui comporte un médecin, un ou une sage-femme, des infirmiers et du personnel logistique chargé d’organiser la vie à bord, ce qui est "loin d’être simple quand on compte plusieurs centaines de personnes à bord" observe la directrice adjointe. Deux journalistes et photographes ont aussi leur place à bord du navire.
14.000 euros nécessaires chaque jour
Mais pour que la mission du navire puisse être menée, 14.000 euros sont nécessaires chaque par jour. Cette somme comprend toutes les dépenses liées au fonctionnement du navire : l’affrètement, le fuel, l’équipage, la logistique et l’équipement de sauvetage.
Un coût financé à 98% par des dons du grand public. "Cette association est un mouvement citoyen, porté par les citoyens et relayé par plus de 600 bénévoles en France qui font en sorte que l’association existe et mène sa mission en effectuant le travail que les Etats ne font pas" appuie Fabienne Lassalle.
Et c’est pourquoi l’association appelle aujourd’hui à une nouvelle campagne de dons, avec pour objectif de prolonger l’action de l’Ocean Viking "au moins pour l’année 2020" espère la porte-parole.