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Urgences : pour les soignants, les mesures d’Agnès Buzyn ne sont pas suffisantes

Hugo Huon, président du collectif Inter-Urgences, ne se satisfait pas des annonces de la ministre. Pour lui, les changements promis ne sont pas à la hauteur de la crise.

Maud Le Rest
Rédigé le , mis à jour le
© Fotolia

"Je vais mettre de l'argent dans des solutions pérennes, restructurantes, qui vont régler le problème des urgences sur le long terme", a affirmé Agnès Buzyn le 8 septembre. 249 services d’urgences publics – plus de la moitié – sont aujourd’hui en grève, le mouvement ayant débuté en mars. Le 2 septembre, la ministre de la Santé a annoncé plusieurs mesures pour pallier cette crise. Cet après-midi, elle devrait annoncer le budget que le gouvernement compte injecter dans les hôpitaux.

"Il y a du harcèlement à tous les étages"

Selon le journal Les Échos, cette somme devrait dépasser 600 millions d'euros sur trois ans. "Mais on sait qu’elle n’ira pas du côté de la revalorisation salariale des soignants. On va dire qu’il faudrait aussi augmenter les policiers, les professeurs…" réagit Hugo Huon, président du collectif de paramédicaux Inter-Urgences, à l’origine de la grève. D’après lui, sans hausse des salaires, la situation ne peut être débloquée. "Depuis des années, on travaille plus pour gagner moins. Tout le monde est sous pression, il y a du harcèlement à tous les étages" développe-t-il.

Il dénonce notamment une vision de l’hôpital comme une "variable d’ajustement". "Le gouvernement joue sur trois choses : la modération salariale, la productivité et les efforts d’investissements" abonde Hugo Huon, qui évoque des locaux insalubres. Pour lui donc, cette somme n’est qu’un effet d’annonce, une manière de camoufler des problèmes structurels. L’exemple de la gestion des lits est selon lui éloquent : "On compte en fermer en chirurgie ambulatoire pour en ouvrir en gériatrie."

"On crie au manque de moyens et on mise sur la technologie"

Quant aux mesures annoncées la semaine dernière – vidéo-assistance, accès direct pour les patients âgés sans passer par les urgences, envoi d’ambulances vers les cabinets de ville – le président d’Inter-Urgences n’est pas non plus convaincu : "L’accès spécifique, ça existait déjà. La vidéo-assistance, pourquoi pas, mais sur le plan symbolique, je m’interroge : on crie au manque de moyens et au manque de formation dans les Ehpad. Que la ministre choisisse de miser sur la technologie plutôt que sur l’humain, ça en dit assez long."

En l’état, il y a de fortes chances que la grève des urgences continue, estime Hugo Huon. D’une part, les médecins sont en colère, et de l’autre, les paramédicaux se sentent méprisés, explique-t-il. Inter-Urgences tiendra sa prochaine assemblée générale demain, mardi 10 septembre, pour décider, ou non, de la poursuite du mouvement.

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