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Vaccin AstraZeneca : quatre informations pour mieux comprendre sa suspension

Le vaccin anticovid AstraZeneca a été suspendu dans une douzaine de pays européens, dont la France, suite à des cas de thromboses. Pourtant aucun lien n’a encore été démontré entre le vaccin et ces cas. Explications.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Marc Bruxelle

La France a décidé de suspendre le 15 mars la vaccination anti covid par AstraZeneca, suivant ainsi la décision d’une douzaine de pays européens. En cause : la survenue de cas de thromboses dans les 10 jours suivant la vaccination.

Concrètement, la thrombose correspond à la formation d’un caillot sanguin dans une veine. Si ce caillot obstrue la veine, il cause une phlébite. Mais il peut aussi se déplacer jusqu’aux artères pulmonaires et entraîner une embolie pulmonaire, voire jusqu’au système veineux du cerveau, où il sera à l’origine d’une thrombose veineuse cérébrale.

Combien de cas de thromboses ?

A ce jour, une trentaine de cas a été recensé en Europe sur cinq millions de vaccinés. Et sur ces 30 cas, six décès ont été enregistrés (deux en Norvège, un en Bulgarie, un en Autriche, un au Danemark et un en Italie), selon les chiffres de l’Agence européenne du médicament (EMA).

En France, au 15 mars, un seul cas - non mortel - a été identifié sur les 1,3 million de personnes qui ont reçu ce vaccin, selon Annie-Pierre Jonville-Béra, présidente des centres régionaux de pharmacovigilance, interrogée par France info.

Au Royaume-Uni, pays de développement de ce vaccin, aucun signal inquiétant n’a été détecté. Et au 15 mars, l’agence britannique du médicament (MHRA), confirmait que sur les 11 millions de vaccinés par AstraZeneca au Royaume-Uni, la survenue de caillots sanguins n’était "pas supérieur au nombre de caillots qui se seraient produits naturellement dans cette population."

Mais c’est en Allemagne que ces chiffres semblent les plus élevés : sept cas pour 1,7 million de vaccinés par AstraZeneca, ce qui correspond à quatre cas pour un million de vaccinés en un mois.

Pourquoi ces cas inquiètent-ils ?

Plus que le nombre de cas, c’est la caractéristique de ces évènements thrombotiques qui interpelle, affirmait ce 16 mars le professeur Alain Fischer, professeur d'immunologie et président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, au micro de France Inter.

Il évoque des "anomalies de la thrombose atypique", avec un "manque de plaquettes" et des "anomalies de la coagulation (...) que l’on n’a pas l’habitude de voir dans les embolies pulmonaires « classiques »", suggérant un éventuel "rôle du vaccin".

C’est aussi ce qu’expliquait l’institut médical Paul-Ehrlich, qui conseille le gouvernement allemand dans une note du 15 mars, à propos des sept cas identifiés en Allemagne. L'institut remarquait une "accumulation remarquable d'une forme spéciale de thrombose veineuse cérébrale très rare (thrombose veineuse sinusale) en relation avec un manque de plaquettes sanguines (thrombocytopénie) et des saignements à proximité temporelle des vaccinations avec le vaccin covid-19 AstraZeneca."

Pourquoi appliquer un principe de précaution ?

Ce sont ces anomalies qui ont conduit à l’application d’un "principe de précaution", même si le lien entre le vaccin et la formation de caillot sanguin n’est pas établi, et même en France, où le nombre de thrombose observé est quasiment nul.

D’autant que ce vaccin est récent, et que la surveillance qui l’entoure est très stricte. Comme l’expliquait Alain Fischer sur France Inter, la pharmacovigilance autour des vaccins anti covid nécessite de se poser deux questions. Premièrement, "est-ce qu’il y a un nombre excessif d’évènement par rapport à celui qui est attendu dans la population du même âge non vaccinée ?" Jusqu’à ce week-end, non, répondait-il. Mais les chiffres de l’Allemagne pourraient changer la donne.

Ensuite, "est-ce qu’il y a des manifestations cliniques ou biologiques qui sortent de l’ordinaire ?" Et c’est sur ce deuxième aspect qu’il y a aujourd’hui discussion. La suspension le temps d’une analyse devrait permettre de mieux comprendre ces cas et de garantir une "transparence" autour des éventuels effets du vaccin.

La balance bénéfice-risque est-elle modifiée ?

Pour autant, le bénéfice du vaccin reste supérieur au risque, comme le rappelle le comité d’évaluation des risques en pharmacovigilance (Prac) de l’EMA qui soutient que "les avantages du vaccin continuent à l’emporter sur ses risques", et que "le vaccin peut continuer à être administré pendant que l’enquête sur les cas d’événements thromboemboliques se poursuit".

En effet, six décès liés aux thromboses ont été enregistrés dans toute l’Europe, quand en moyenne, la France à elle seule compte entre 200 et 300 décès du covid par jour.

L’EMA devrait tenir une première réunion ce mardi 16 mars et une deuxième "réunion extraordinaire" jeudi 18 mars sur ce vaccin. Ces réunions pourraient aboutir à l’émission de nouvelles recommandations, notamment sur le profil des personnes à vacciner avec ce vaccin.

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