Le CHU de Rouen facilite la vaccination de ses soignants
Alors que seul un tiers des professionnels de santé se fait vacciner contre la grippe, les hôpitaux développent des stratégies pour les convaincre de l’utilité du vaccin. C'est le cas du CHU de Rouen.
Seulement un tiers des professionnels de santé travaillant en hôpital, en clinique ou en Ehpad avaient reçu le vaccin contre la grippe l'an dernier, selon Santé publique France. Ainsi, seuls 35,4% des professionnels de santé en hôpital et en clinique étaient vaccinés l'an dernier en France métropolitaine avec des disparités selon les professions : 68% des médecins sont vaccinés, mais seulement 36% des infirmiers et 21% des aides-soignants.
Un constat qui fait dire aux autorités sanitaires que "des efforts restent à faire" puisque la vaccination des soignants contre la grippe saisonnière réduit la transmission du virus à leurs patients, en particulier les plus fragiles.
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À l’hôpital, infirmiers et médecins peuvent vacciner leurs collègues
Pour augmenter le taux de vaccination, certains établissements de santé mettent en place des mesures de promotion du vaccin (affiches, séances d'information, supports ludiques...) ou facilitent la disponibilité du vaccin (séances de vaccination gratuites dans des lieux facilement fréquentés et avec des horaires adaptés). C’est notamment le cas du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Rouen, où une vaccination gratuite est offerte aux soignants.
"Les soignants de notre hôpital ont la possibilité de venir se faire vacciner dans le service de médecine du travail" nous explique le docteur Jean-François Gehanno, professeur de médecine du travail au CHU de Rouen. En parallèle, "nous organisons aussi des délégations dans chaque service où les infirmiers et les médecins peuvent vacciner leurs collègues sous réserve qu’ils gardent une trace des personnes vaccinées" ajoute-t-il.
"Les médecins se font le relai du message pro-vaccinal"
Et toutes les équipes, quels que soient leurs horaires, sont sensibilisées à l’importance de la vaccination : "les soignants du service de médecine du travail se déplacent aussi à des heures tardives pour toucher les équipes de nuit" précise le docteur Gehanno.
Autre moyen d’action : l’organisation d’une "commission médicale" pour que "les médecins parlent de vaccination dans leur service auprès du personnel paramédical qui se vaccine moins bien qu’eux mais qui ont confiance dans les médecins avec qui ils travaillent" expliquent le spécialiste. "Dans ce cas précis, les médecins se font donc le relai de ce message pro-vaccinal auprès du personnel mais aussi des patients" ajoute-t-il.
Convaincre plutôt qu’obliger
Une stratégie mise en place avec l’Agence Régionale de Santé (ARS) Normandie consiste aussi à lutter contre les idées reçues au moyen de formation par exemple au moyen d’affiches qui rappellent que "non, le vaccin contre la grippe ne risque pas de donner la grippe" et que le vaccin ne concerne pas uniquement les personnes fragiles.
L’étape plus radicale serait d’imposer une obligation vaccinale contre la grippe à tous les soignants. Une solution extrême que le docteur Gehanno ne soutient pas : "que ferait-on des soignants qui refusent de travailler, est-ce qu’on les empêcherait de travailler ?" questionne-t-il. "C’est impensable, surtout dans le contexte actuel déjà très tendu dans les hôpitaux qui manquent de personnel" observe le médecin. "Plutôt que de les obliger, il est préférable de les convaincre de l’utilité de se faire vacciner" conclut le docteur Gehanno. Un défi à relever à l’échelle de la France élue en juin dernier championne du monde des anti-vaccins, avec un Français sur trois défiant vis-à-vis des vaccins.