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Vaccination contre le covid : "Il faut aller beaucoup plus vite"

La vaccination contre le covid a démarré en France le 27 décembre. Le vaccin et la manière dont il est distribué suscitent encore des interrogations. Allodocteurs.fr fait le point avec le docteur Peiffer-Smadja, infectiologue.

Laurène Levy
Rédigé le , mis à jour le
Crédits Photo : © Shutterstock / Cryptographer

La vaccination contre le covid a démarré en France comme dans toute l’Union Européenne le 27 décembre 2020 avec le vaccin Pfizer/BioNtech. Ce vaccin, qui utilise la technique de l’ARN messager, fait encore l’objet de craintes. Mais c’est surtout la lenteur avec laquelle la France vaccine par rapport aux autres pays qui interroge aujourd’hui. Le docteur Nathan Peiffer-Smadja, infectiologue à l’hôpital Bichat à Paris, a répondu à nos questions.

Est-on certains que le vaccin contre le covid est sûr ?

Dr Nathan Peiffer-Smadja : On peut affirmer que le vaccin Pfizer/BioNTech, comme le vaccin Moderna, est sûr. Ils ont été développés selon des règles scientifiques et ont été validés par les agences du médicament américaines, européennes et britanniques. Ils ont suivi toutes les phases d’études cliniques de manière très propre, selon les règles habituelles, avec même davantage de participants que d’ordinaire.

Aujourd’hui, on a plusieurs mois de recul sur ce vaccin et plus de dix ans de recul sur la technologie de l’ARN messager qu’on utilise déjà en cancérologie notamment. Les données de sécurité de la phase 3 sont tout à fait rassurantes. On a une réaction immunitaire plus forte pour le groupe vacciné que pour le groupe placebo, qui correspond à l’efficacité du vaccin en elle-même.

Pour sa sûreté à court terme, plusieurs millions de personnes ont reçu ces vaccins dans le monde sans que l’on observe de réaction inattendue. Sur le long terme, c’est extrêmement peu probable au vu des données et de la technologie utilisée qu’il y ait des effets même si bien sûr, il faut surveiller. Cela se fera par le suivi de pharmacovigilance.

En résumé, le niveau de sécurité de ces vaccins est extrêmement solide, et leur balance bénéfice/risque surtout, est très favorable. Donc personnellement, j’administrerai le vaccin sans l’ombre d’un doute.

Dans son protocole vaccinal, la France prend énormément de précautions en matière de consentement, est-ce vraiment nécessaire ?

Dr Nathan Peiffer-Smadja : C’est un vaccin comme les autres, on devrait demander si le patient veut se faire vacciner, répondre aux questions, discuter éventuellement. Il n’y a pas lieu de prendre davantage de précaution que d’habitude ni de faire de consultation pré-vaccinale.

C’est un vaccin homologué, comme le vaccin HPV ou le vaccin contre la grippe qu’on administre tous les jours. Selon moi il faut normaliser sa prescription.

La France devrait-elle, comme ses voisins européens, vacciner davantage de personnes et plus rapidement ?

Dr Nathan Peiffer-Smadja : Oui, l’objectif est de vacciner beaucoup plus vite pour protéger les personnes à risque de forme grave, pour que nos services ne soient pas remplis de patients covid, pour éviter que des gens entrent en réanimation et meurent tous les jours. Il faut donc bien vacciner les personnes fragiles d’abord, mais bien plus que 50 par jour.

Et pour enrayer l’épidémie il faut vacciner beaucoup plus, au-delà de 70% de la population. Il faut donc aller beaucoup plus vite, car à ce rythme, je ne suis pas certain qu’on atteigne ce pourcentage fin 2021.

Mais chaque jour on vaccine davantage et chaque personne vaccinée est une personne de plus qui ne viendra probablement pas dans nos services, étant donnée la très forte efficacité du vaccin.

Sur le plan médical et scientifique, rien ne nous empêche de passer à la vitesse supérieure. C’est sur le plan logistique qu’il y a peut-être des freins.

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