Sera-t-il bientôt possible d’auto-déclarer ses arrêts maladie ?
Cette proposition controversée de la Cour des comptes est déjà mise en place dans plusieurs pays confrontés, comme la France, à une pénurie de médecins.
Une opportunité pour les travailleurs ou des abus en perspective ? Pour "libérer du temps médical", le gouvernement réfléchit à permettre aux salariés de déclarer eux-mêmes des arrêts maladie de très courte durée, mais avec l'instauration probable de jours de carence non-indemnisables, une hypothèse rejetée par les syndicats.
Dans un rapport critique sur la politique de lutte contre les déserts médicaux, publié lundi, la Cour des comptes suggère "d'explorer" la piste de l'auto-déclaration, déjà mise en place dans plusieurs pays confrontés eux aussi à des pénuries de médecins.
Un gain de temps médical et économique
Interrogé mardi matin sur TF1, le ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux a dit vouloir "ouvrir (ce sujet) avec les employeurs". "Il faut, avec les réseaux patronaux, discuter de la faisabilité de cette mesure, qui permettrait de libérer du temps médical", a-t-il déclaré.
La mesure supposerait l'instauration d'un ou deux jours d'absence qui ne pourraient pas être indemnisés, ni par l'Assurance maladie, ni par l'employeur. Actuellement, les trois premiers jours d'arrêt de travail ne sont pas indemnisés par l'Assurance maladie, mais sont pris en charge par une majorité des entreprises. Outre le gain de temps médical, le gouvernement cherche des pistes d'économies, pour tenter de maîtriser la forte croissance des dépenses liées aux arrêts maladie, qui pèsent près de 16 milliards d'euros par an.
À lire aussi : Mode d'emploi : l'indemnisation des arrêts maladie
Un système déjà appliqué au Royaume-Uni
Le Dr Martial Jardel, médecin généraliste en Haute-Vienne, abonde dans le sens de cette proposition. Il plaide notamment pour un repositionnement du rôle du médecin. "On est ensevelis sous ce genre de demandes : on va certifier que le patient est malade et ne peut pas aller travailler. C'est du temps de consultation dans lequel le médecin est de plus en plus positionné comme une sorte de contrôleur médico-administratif", au préjudice de son métier de soignant.
Au Royaume-Uni, la procédure d'auto-certification pour les arrêts de moins de sept jours, généralisée en 1985, est aujourd'hui "utilisée en routine" via un simple formulaire à remplir, le salarié "pouvant être rémunéré pour ses jours d'absence au-delà de trois jours", observe la Cour des comptes dans son rapport.