Opérer les malformations de la verge
Hypospadias, phimosis, micropénis, ou encore maladie de Lapeyronie… Derrière ces noms se cachent des malformations qui peuvent atteindre l'organe sexuel masculin, le pénis.
Testicules non descendus dans les bourses, malformations de l'urètre, du pénis... Ces anomalies rares peuvent fortement altérer la qualité de vie des enfants qui en sont porteurs. Les malformations génitales sont parfois très complexes, par exemple quand la détermination du sexe est "incertaine". Tous ces désordres du développement sexuel surviennent durant la grossesse.
Durant les six premières semaines, fœtus féminin et masculin sont semblables. Ils ont les mêmes organes génitaux embryonnaires. Puis, progressivement, un appareil sexuel de garçon ou de fille va se différencier. Par exemple, les gonades (organe reproducteur) se transforment soit en ovaires, soit en testicules.
Lors du développement sexuel, autour du troisième mois, le bourgeon génital devient soit un pénis, soit un clitoris. Les bourrelets se transforment soit en scrotum, soit en grandes lèvres chez la fille. C'est aussi durant ces trois premiers mois que se mettra progressivement en place l'utérus. Le développement et la maturité sexuelle s'achèvent à la puberté.
L'appareil féminin adulte est composé de l'utérus, où se loge et se développe le fœtus, des ovaires qui produisent les ovules et des trompes de Fallope, du vagin et du clitoris. L'organe sexuel masculin, lui, est composé du scrotum qui renferme les testicules, et de la verge, composée des corps caverneux et spongieux et qui débouche sur le méat urinaire, par lequel sont évacués l'urine et le sperme.
Les anomalies génitales sont la plupart du temps présentes dès la naissance. Elles peuvent concerner à la fois les organes féminins et masculins. Une malformation fréquente du pénis est l'hypospadias. L'urètre ne sort pas au bout de la verge mais sous la verge à la base du gland. Les malformations génitales concernent trois naissances sur 100 pour les plus communes, une naissance sur 5.000 pour les plus rares.
Dépister les malformations génitales
Au cours d'une grossesse normale, trois échographies permettent de surveiller l'évolution du fœtus et notamment de ses parties génitales. Cet examen de routine est indispensable pour déceler certaines anomalies même si elles restent rares.
Bien souvent, le sexe du bébé est la chose que beaucoup de parents ont envie de connaître. Mais au premier trimestre, vers douze semaines, le médecin dispose de peu d'indices et doit être prudent. À 32 semaines de grossesse, le sexe du bébé est bien déterminé et visible à l'échographie.
"Lorsqu'on voit une anomalie des organes génitaux, ce qui est rare, la première chose à faire est de réaliser un bilan à l'échographie pour voir s'il n'y a pas d'autres anomalies (anomalie cardiaque, anomalie du cerveau…)", explique le Dr Laurent Bidat, gynécologue-obstétricien.
Prise de sang maternelle pour rechercher les chromosomes, dosages hormonaux… une batterie d'examens supplémentaires est prescrite pour les cas compliqués.
Hypospadias : une malformation congénitale du pénis
À la naissance, on peut découvrir une malformation congénitale : l'hypospadias. Elle concerne environ un bébé sur 300 naissances. Normalement l'orifice de l'urètre se situe au bout de la verge. Mais parfois il n'atteint pas l'extrémité du pénis : c'est l'hypospadias.
Il existe des hypospadias de degrés et de gravités différentes. Dans plus de 50% des cas, l'hypospadias est antérieur, l'orifice est alors très proche de sa position normale. Mais il peut aussi se situer plus en arrière (hypospadias postérieur), parfois même au niveau des bourses.
L'origine de cette malformation se situe pendant l'embryologie. Les tissus qui forment le canal urinaire n'ont pas eu le temps de se rapprocher pour fermer le canal. Un traitement chirurgical est donc indispensable. L'opération est réalisée par un spécialiste, un urologue pédiatre. En général, cette intervention est proposée vers l'âge de 1 an.
Les complications liées à la chirurgie concernent 2 à 15% des enfants, elles varient en fonction de l'importance de l'atteinte initiale. Il peut s'agir de fistules (des fuites sur le trajet de l'urètre reconstruit), d'une réouverture de la reconstruction, ou plus rarement de sténoses. Ces complications nécessitent alors une nouvelle intervention.
La maladie de Lapeyronie ou le syndrome de la verge courbée
Il arrive aussi que le pénis soit tout à fait normal à la naissance mais qu'il se déforme plus tard dans la vie. C'est ce dont souffrent les personnes atteintes de la maladie de Lapeyronie. Une maladie décrite pour la première fois en 1743 par le chirurgien François Gigot de La Peyronie et qui touche 7% des hommes après 50 ans.
Si la cause exacte de la maladie de Lapeyronie n'est pas connue, il s'agirait le plus souvent de microtraumatismes au niveau des corps caverneux du pénis lors des rapports par exemple. Une plaque cicatricielle peut effectivement se former. Cette partie perd alors de son élasticité. Résultat, la verge se coude pendant l'érection. Cette courbure peut être plus ou moins importante et peut se produire dans différentes directions en fonction de la localisation de la plaque.
La maladie de Lapeyronie évolue en deux phases. La première dure environ six mois, elle est caractérisée par des douleurs et l'apparition d'une déformation de la verge en érection. Ensuite, le plus souvent les douleurs disparaissent et la courbure se stabilise.
Les premiers traitements proposés sont médicamenteux. Il s'agit d'anti-inflammatoires associés parfois à de la vitamine E et à un vasodilatateur. Lorsque le traitement médical est un échec et que la courbure de la verge rend les rapports sexuels difficiles, les médecins peuvent, à la demande du patient, proposer une chirurgie. L'opération qui concerne moins de 10% des malades se déroule sous anesthésie générale.
Les résultats de la chirurgie sont bons : plus de 75% des patients sont satisfaits de la correction obtenue. Les complications sont assez rares (5%), mais elles existent : hématome, récidive précoce, perte de sensibilité au niveau du gland… Il s'agit donc d'une chirurgie lourde réservée aux cas les plus avancés.
Micropénis : la taille pour seule anomalie
La taille d'un pénis adulte au repos varie entre 7 et 11 cm (10 à 18 cm en érection).
Le terme de micropénis est employé pour décrire un pénis qui ne dépasse pas 8 à 9 cm en érection à l'âge adulte. Aucune autre anomalie de développement n'est associée à cette condition.
Le micropénis est diagnostiqué à la naissance. Pour un enfant âgé de 0 à 5 mois, il correspond à un pénis d'une taille inférieure à 2 cm (dans la population générale, il mesure en moyenne 3,5 cm).
Pour effectuer la mesure de la verge, on couche l'enfant sur le dos. La distance prise en compte est celle allant de la racine du pubis (côté ventre) jusqu'au bout du gland. Le pénis doit être étiré, et non flasque (saisir le gland entre le pouce et l'index et en mesurant à partir. La mesure doit être effectuée au plus près de l'os du pubis (un ventre grassouillet peut faire apparaître un pénis de taille normale plus petit qu'il ne l'est). Le prépuce, s'il est présent, n'est pas compris dans le calcul.
Des traitements hormonaux peuvent être proposés chez le nourrisson. À l'âge adulte, un allongement du pénis par voie chirurgicale est envisageable. Cette opération de chirurgie dite "réparatrice" est prise en charge par la Sécurité sociale.
Une faible croissance du pénis trouve généralement son origine dans des anomalies hormonales survenant au cours de la vie fœtale (au-delà de la douxième semaine de grossesse, une fois l'ensemble des processus de formation de la verge achevés).
Elle peut être due à une insensibilité partielle aux hormones mâles (en lien possible avec des perturbateurs endocriniens) ou à un faible taux de ces hormones (défaut de sécrétion). Un micropénis peut également être associé à des anomalies chromosomiques ou à des syndromes plus larges (Prader-Willi, Noonan…).