1. Accueil
  2. Santé
  3. Maladies
  4. Sida-VIH

Préservatif remboursé : peut mieux faire !

Si le remboursement de certains préservatifs par l'Assurance-Maladie était nécessaire, ses modalités sont discutables. Une partie des populations vulnérables, pourtant la cible principale, pourrait se trouver exclues du dispositif.

Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le

Agnès Buzyn a annoncé hier la prise en charge des préservatifs de la marque Eden, sur prescription médicale, à partir du 10 décembre 2018. Ils seront vendus exclusivement sur prescription et en pharmacie, et pris en charge à 60% par l'Assurance-maladie (le reste étant remboursé par la complémentaire santé). Leur coût final est nettement inférieur au prix habituellement constaté, ce qui les rend plus accessibles : 1,30€ la boîte de 6 (disponible en taille XL), 2,60€ la boîte de 12 et 5,20€ la boîte de 24.

Les marques de préservatif surfaient davantage sur des arguments axés sur le plaisir, que sur l'intérêt en termes de prévention des infections sexuellement transmissibles. Le Ministère de la santé espère donc envoyer un signal fort et intégrer davantage dans une stratégie globale de prévention le préservatif, qui en reste l'outil de base... Huit infections sexuellement transmissibles sont particulièrement ciblées par l'avis de la Haute autorité de santé du fait de leur fréquence et de leur gravité : VIH, herpès, papillomavirus, hépatite B, syphilis, chlamydia, gonorrhée, trichomonas. En nette recrudescence depuis quelques années, certaines infections ont été multipliées par 3 entre 2012 et 2016 (gonocoque  et chamydia), justifiant des mesures de prévention plus efficaces. 

Une cible manquée ?

L'objectif est louable mais il manque sa cible, les personnes les plus vulnérables, celles qui ont peu accès aux soins, qui sont en situation de précarité, ou encore les adolescents. Des populations clairement à risque d'IST...

Soyons réalistes : qui déboursera 23€ pour une consultation chez un généraliste en secteur 1 pour obtenir une ordonnance de préservatifs ? Certes, certains bénéficient de la CMU mais ils restent minoritaires. Certes, d'autres ont les moyens financiers de consulter pour une telle prescription ou profiteront d'une consultation pour un autre motif pour l'obtenir. Mais le dispositif exclut tous ceux qui ne le peuvent pas. 

Les jeunes sont particulièrement concernés. Un étudiant sur 2 et 4 lycéens sur 5* n'utilisent pas systématiquement de préservatif. Un certain nombre renonce aux soins pour des raisons financières (et probablement aux préservatifs). Le serpent se mord la queue...Les plus jeunes n'oseront pas forcément demander ce type de prescription au médecin de famille, qui de son côté ne proposera pas spontanément cette possibilité.

Aussi bien pour eux que pour les personnes vulnérables, il est indispensable de développer d'autres canaux de distribution plus adaptée à ces populations, à l'instar des centres de planning familial et certaines associations, qui en distribuent gratuitement. Si l'initiative du Ministère de la santé était nécessaire, elle semble insuffisante au regard des enjeux...

*D'après un sondage effectué en novembre 2018 par la SMEREP, qui gère le régime de sécurité sociale des étudiants. 

Sida-VIH

Voir plus

Les dernières vidéos

Plus de vidéos

Nos fiches santé

Voir toutes les fiches santé