Le slow sexe, loin de la performance
Le slow sexe est une invitation à s'abandonner aux sens et à la volupté, loin de la performance et des injonctions sexuelles. A la clé, une reconnexion avec soi-même et avec l'autre...
"J'avais fait le tour de la relation sexuelle traditionnelle"... C'est ce qui a poussé Marie à se tourner vers cette pratique inspirée du tantra : "j'ai été formatée par le modèle des préliminaires suivis de la pénétration mais j'en avais fait le tour, ajoute-t-elle.
Je rencontrais des partenaires dans la performance, des hommes qui avaient peur de ne pas être à la hauteur, qui se mettaient de la pression, alors que moi, je ressentais le besoin d'expérimenter d'autres manières de rencontrer l'autre, et de ne pas considérer la pénétration comme une priorité."
Une pratique ancestrale
Comme Marie, la célérité du 21 siècle et les rythmes de vie trop intenses poussent certains à se ressourcer dans la lenteur, sans obligation de performance ni d'orgasme. Les amants se recentrent sur leurs sensations, les savourent pleinement et prennent le temps de respirer, toucher, caresser, ressentir...
Mais le slowsexe n'est pas une découverte récente : dès le IVème siècle, la pratique était évoquée dans le Kâmasûtra et dans les années 60 Masters et Johnson, passés à la postérité grâce à la série Masters of sex, l'utilisaient dans leur prise en charge des couples.
Et en 2013, Diana Richardson, une sexologue américaine auteure du livre Slow sex, faire l'amour en pleine conscience (2013, Almasta édition), invite ses lecteurs à faire l'amour différemment de la sexualité conventionnelle, satisfaisante sur le moment avec l'orgasme mais qui peut finir par devenir mécanique et lassante.
Le slow sexe en pratique
Le slow sexe fait la part belle aux préliminaires, ces mal nommés, puisqu'ils sont des activités sexuelles à part entière, aux côtés de la pénétration qui n'est pas indispensable au rapport. Il consiste à explorer le corps de l'autre et à suivre ses envies à deux, sans se conformer à ce qu'est censé être un rapport conventionnel (classiquement une fellation, éventuellement un cunnilingus, une pénétration et une éjaculation).
"Depuis que j'ai découvert le slow sexe avec mon compagnon Matthieu, nous avons une sexualité sans objectif particulier : nos corps se rencontrent, c'est comme une méditation et une danse, nous sommes dans l'écoute, la respiration," reprend Marie. La spécialiste Diana Richardson recommande d'être dans le moment présent sans chercher à tout prix l'orgasme, et de se laisser guider par le mental et non par le corps.
"La clé, c'est en effet de ne pas aller dans l'excitation sexuelle mais dans la détente, à l'inverse de la relation classique où on fait monter rapidement l'excitation ", ajoute Matthieu. "C'est être en conscience, dans le non-jugement et la détente et c'est là où il se passe des choses intéressantes !"
Le slow sexe, pour qui ?
Le slow sexe peut être particulièrement intéressant en cas d'éjaculation prématurée, de douleurs durant les rapports ou si on a du mal à faire grimper l'excitation rapidement. Mais la pratique se révèle pertinente pour tous les couples, et particulièrement ceux qui se sont lassés de leur sexualité. Elle leur offre la possibilité de se connecter à nouveau et de revitaliser leur intimité.
"Ce qui est intéressant dans le ralentissement propre au slow sexe, c'est que la lenteur nourrit énormément et rapproche totalement le couple", reprend Marie. Nous n'avons plus d'attente et ne nous mettons plus de pression ! Si on se met une attente ou une pression, cela ne fonctionne pas, c'est le secret du slow sexe."
Pour tous, il vient enrichir l'éventail des pratiques sexuelles. Quickie imprévu, massage érotique ou prostatique, sexe oral ou pénétration... la variété tient éloignée la lassitude, au plus grand bonheur des couples.