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Absence d'orgasme : se réconcilier avec le plaisir

En cas d'absence d'orgasme ou anorgasmie, la prise en charge s'adapte à la cause et fait appel à différents outils, pour ressentir davantage de plaisir.

Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le

S'adapter à la cause

Dès que l'impossibilité d'accéder à l'orgasme entraîne une souffrance, pour soi-même our pour son couple, il faut en parler. Plusieurs intervenants sont possibles : le sexologue médecin est le plus apte à prodiguer une prise en charge globale, mais le médecin traitant et le gynécologue peuvent être là en premier recours et ils orienteront vers un spécialiste si besoin. Ils évalueront ce qu'il se passe dans le corps et dans la tête de la personne lorsqu'elle se masturbe et quand elle a un rapport. Vérifier l'excitation sexuelle, la lubrification pour une femme et le désir est nécessaire au préalable. Des questions sur sa relation sont aussi importantes si la personne a un/une partenaire et sur le déroulement des rapports sexuels.

Le traitement s’adapte évidemment à la cause de l'anorgasmie. Il faut avant tout être certain que l'excitation est suffisante, le climat érotique adapté, les préliminaires assez longs (notamment pour les femmes hétérosexuelles, qui ont souvent besoin de plus de temps que leur partenaire masculin).

A lire aussi : Anorgasmie, quand l'orgasme se refuse

Si c'est la lubrification qui pose problème chez une femme et freine son accès à l'orgasme, un lubrifiant est nécessaire avant et pendant le rapport. En cas de sécheresse vaginale, le gynécologue prescrira un traitement adapté, par exemple à base d'acide hyaluronique, ou hormonal en cas de ménopause (soit localement soit dans le cadre d'un traitement hormonal substitutif).

Si l'anorgasmie est dûe à un médicament, il est parfois possible de le changer ou de modifier la posologie. En cas de sclérose en plaques et de diabète, c'est une sexothérapie qui est indiquée pour apprendre à profiter du plaisir, même sans orgasme. Sans oublier d'agir sur d'autres leviers : en plus d'un retentissement physique, ces maladies chronique perturbent très souvent l'estime de soi et elles génèrent de l'anxiété, ce qui a également un impact sur la capacité à jouir. Et il est possible d'améliorer l'estime de soi, le stress ou l'anxiété ou tout autre frein psychologique perturbant l'orgasme.

En cas de cause(s) psychologique(s), il revient au sexologue de déterminer avec l'aide du patient ce qui entrave l'accès à l'orgasme. Pour cela, comprendre depuis quand et dans quelles circonstances a débuté l'anorgasmie offre un début de piste. Différents outils sont alors à la disposition du praticien.

La masturbation, un outil important

Si l'anorgasmie existe depuis le début de la vie sexuelle, la masturbation offrira une meilleure connaissance de son corps. Tester les caresses, sur le clitoris ou dans le vagin, avec les doigts et/ou un sextoy, permettra de mieux comprendre comment se faire jouir. Un support érotique, comme un livre ou une BD érotique, des photos ou un un film X, est parfois intéressant pour "se mettre dans l'ambiance". 

Stimulations sexuelles, idées reçues, fantasmes et lâcher-prise

Si l'orgasme se refuse depuis quelques temps, il est possible d'agir sur plusieurs leviers.

Adapter les stimulations sexuelles

Si c'est le type de stimulations durant les rapports qui n'est pas adapté, communiquer ses envies et ce dont on a besoin à son/sa partenaire, est la base. Si un homme ne jouit pas durant le rapport à cause d'une technique particulière de masturbation et que cela le dérange, des exercices seront donnés pour apprendre à varier ses techniques de masturbation, par exemple avec une huile lubrifiante pour reproduire l'humidité des muqueuses, et en faisant grimper l'excitation et les stimulations moins rapidement. Durant le rapport, il pensera à des fantasmes et situations excitantes.

Si une femme a besoin d'une stimulation du clitoris durant la pénétration (comme de nombreuses femmes), elle n'hésitera pas à se caresser, à demander à son partenaire d'ajouter une stimulation du clitoris et à lui montrer quelles caresses sont le plus efficace.

La thérapie sera l'occasion de fournir des informations sur les différentes façons d'obtenir un orgasme, ainsi que de rappeler certaines différences entre les sexes, comme par exemple le fait qu'une femme met assez souvent plus de temps à être excitée et à jouir qu'un homme ; les "préliminaires" sont aussi là pour compenser cette différence physiologique et ils ne doivent pas être raccourcis.

Agir sur les schémas sexuels et les idées reçues

Il est aussi important d'analyser la "façon de fonctionner" sexuelle du couple : tous les couples finissent par fonctionner suivant un schéma sexuel donné (en reproduisant les mêmes pratiques sexuelles, par exemple parce que l'on croit qu'elles conviennent à l'autre). Mais ces schémas enferment et trop souvent, on ne s'autorise pas à en sortir, à sortir de ce que l'on s'autorise à soi et ce que l'on autorise à son/sa partenaire. En prendre conscience est la première étape pour s'en libérer et (re)découvrir une sexualité plus libre et ludique...

De plus, nous avons tous des idées reçues sur la "sexualité idéale" et lorsque la sexualité réelle s'en éloigne, il y a un décalage qui entrave bien souvent le plaisir. Un travail avec un thérapeute est alors nécessaire, sur les idées reçues : non, la sexualité masculine n'est pas mécanique et automatique, non un "homme un vrai" n'est pas défini par sa capacité à éjaculer et à jouir. Non, le seul orgasme valable chez une femme n'est pas l'orgasme obtenu par la pénétration ; là encore, informer sur le clitoris, l'organe du plaisir chez la femme, et sur les contractions du périnée, offre quelques pistes pour augmenter le plaisir féminin durant le rapport.

Travailler le lâcher-prise, les pensées automatiques, les fantasmes...

Si le climat sexuel est excitant et l'excitation bien présente, il convient de travailler le lâcher-prise qui fait probablement défaut et empêcher d'avoir un orgasme. On agira sur les freins potentiels, comme la lumière allumée, la présence des enfants et la crainte de les voir débarquer (il suffit de poser un verrou à la porte de la chambre), la peur que les voisins entendent les gémissements et les cris (en mettant de la musique fort). La relaxation et la méditation offrent de nombreux exercices pour apprendre à mieux lâcher prise. Et s'il s'agit d'un besoin de contrôle excessif qui est en cause, un travail avec un thérapeute peut améliorer la situation.

Les pensées automatiques et parasites, autrement dit ces pensées qui viennent s'interposer entre le plaisir et soi, sont aussi recherchées. Par exemple, un "je ne vais pas y arriver" ou "je veux absolument jouir" seront contre-productifs et il est possible de lutter contre ces pensées automatiques. Il s'agira alors d'en prendre conscience, de les repérer à chaque fois qu'elles surviennent, de les reformuler de façon positive et d'apprendre à profiter des sensations de son corps et du corps de l'autre. Ce travail est plus simple et plus rapide avec l'aide d'un psychologue ou sexologue, en thérapie comportementale et cognitive. La méditation aussi peut aider à prendre conscience de ses propres pensées et à se centrer sur sa respiration et son corps. L'hypnose est également un outil intéressant pour accéder à l'inconscient, fréquemment utilisé par les sexologues.

Parfois, c'est parce que l'on est trop focalisé(e) sur l'orgasme de l'autre et pas assez sur le sien, que l'on ne parvient pas à se relâcher totalement et à jouir. Ce qui part d'une bonne intention est en réalité un obstacle au plaisir. Le comprendre et apprendre à devenir un peu plus égoïste, à se centrer sur ses propres sensations physiques, aideront à ressentir davantage de plaisir.

Travailler sur ses fantasmes et son imaginaire érotique est un autre levier pour accéder plus facilement à l'orgasme. Fantasmer durant l'activité sexuelle propulse en effet l'excitation sexuelle au-delà du seuil qui permet d'obtenir un orgasme. Tout ce qui est susceptible d'entretenir et d'augmenter les fantasmes est intéressant et cela peut faire appel à la lecture d'articles sur la sexualité, au développement de la sensualité pour se reconnecter dans la vie quotidienne aux sensations corporelles, à la littérature érotique, aux films érotiques ou X, etc. Partager son univers érotique avec l'autre offrira une belle complicité et un rapprochement sensuel...

Enfin, si la personne est en couple et que celui-ci est motivé, la thérapie de ressensibilisation corporelle (sensate focus) est une excellente façon de se réconcilier à son corps, en évitant l'objectif de la pénétration, qui est interdite, et de l'orgasme. Dans un premier temps, le praticien prescrira un massage 15 à 30 minutes, par jour (chaque partenaire massera l'autre en évitant les zones sexuelles, comme les seins, le sexe). Puis au bout d'un temps défini ensemble, le massage incluera les zones sexuelles mais la pénétration sera toujours interdite et enfin, dans un troisième temps, celle-ci sera autorisée si les deux partenaires en ont envie. Le but de cette thérapie est de se réconcilier avec ses sensations corporelles, en étant libéré de la pression de la pénétration. Elle a habituellement de bons résultats chez les couples, qui ont envie à deux de retrouver du plaisir.

 

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