Sida : peut-on vivre "normalement" avec le VIH aujourd'hui ?
Des milliers de personnes sont contaminées par le VIH en France chaque année. Comment vivre avec ce virus ? Quels sont les traitements ? On fait le point à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida.
5 000 nouveaux cas de contamination tous les ans en France. Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est toujours présent et continue de se propager. Cet agent pathogène provoque une infection chronique évoluant vers le sida en l’absence de traitement. Si la séropositivité est de mieux en mieux prise en charge, peut-on parler de "vie normale" quand on a le VIH ?
"On vit normalement mais on ne guérit pas"
"Aujourd'hui, une personne nouvellement contaminée reçoit un seul médicament", note Christine Aubère, 55 ans, éducatrice dans un club de football et contaminée par le VIH en 1990. Aujourd'hui sous trithérapie, sa charge virale est indétectable, après avoir reçu plusieurs traitements depuis sa contamination, aux effets secondaires parfois lourds. "La recherche a beaucoup avancé" se félicite-t-elle. "Elle a permis d'abord à beaucoup de personnes de continuer à vivre, mais aujourd'hui on peut vivre normalement" poursuit-elle.
"Mais ce ne sont pas des traitements anodins. On est passés de 10 médicaments à une gélule, mais c'est concentré, et le foie travaille" souligne Christine. "On peut vivre normalement mais on ne guérit pas", ajoute-t-elle.
Améliorer la prévention et le dépistage
Ce qu'il ne faut pas non plus oublier, c'est que "20% des personnes contaminées ignorent qu'elles sont séropositives et continuent de contaminer. C'est là qu'est le danger" appuie enfin Christine Aubère qui milite pour davantage de prévention autour du dépistage et du mode de contamination du VIH.
Selon Santé publique France, le nombre de dépistages en 2022 a dépassé ses niveaux d'avant Covid, avec 6,5 millions de sérologies VIH réalisées par les laboratoires, contre 6,34 millions en 2019. En parallèle, le nombre de personnes ayant découvert leur séropositivité au VIH en 2022 a été estimé entre 4 200 et 5 700, des chiffres inférieurs à ceux de 2019.
Trithérapie et bithérapie injectable
Le traitement contre le Sida associe plusieurs antirétroviraux (habituellement trois, c'est pour cela qu'on parle de "trithérapie"). Ils permettent de bloquer la multiplication du virus et d'éviter l’apparition de résistances. Le but est de rendre la charge virale VIH "indétectable" ou à moins de 20 ou 40 virus par millilitres de sang.
En France, depuis le mois de décembre 2021, certains patients séropositifs ont accès à une bithérapie injectable tous les deux mois. Ce nouveau traitement résulte de la combinaison de deux antirétroviraux.