Système de santé : les annonces de Macron pour sortir d'une "crise sans fin"
Réorganisation du travail à l'hôpital, recrutement massif d’assistants médicaux... Emmanuel Macron a dévoilé une série de mesures pour tenter d'endiguer la crise que traverse le système de santé actuellement.
"Sortir de ce jour de crise sans fin". C'est ainsi qu'Emmanuel Macron décrit la situation actuelle du système de santé. Alors que les moyens humains et financiers manquent, que le personnel est à bout de souffle, le président de la République s'est exprimé ce vendredi 6 janvier au Centre hospitalier Sud Francilien (CHSF) de Corbeil-Essonnes, en banlieue parisienne.
Pour la première fois depuis sa première élection en 2017, le chef de l'État a présenté ses voeux spécifiquement aux acteurs de la santé. "Je sais l'épuisement personnel et collectif, ce sentiment parfois de perte de sens qui s'est installé, le sentiment au fond de passer d'une crise à l'autre", a-t-il déclaré.
Des mesures jusque-là insuffisantes
Il a rappelé les mesures de son premier quinquennat : la suppression du numerus clausus qui plafonnait le nombre d'étudiants en médecine, ou encore le Ségur de la santé. Mais dès sa campagne pour sa réélection au printemps, il avait reconnu que c'était insuffisant, et fait de la santé l'un des deux chantiers majeurs de son second mandat, avec l'école.
Rappelant que la formation de nouveaux médecins allait prendre du temps et qu'il faudrait donc "une décennie" pour "changer" le système, il a prévenu face au personnel de l'hôpital qu'il faudrait "vivre dans les années qui viennent" avec cette pénurie de soignants.
Libérer du temps de soin
Le président a donc annoncé des solutions pour pallier ce manque par d'autres moyens, en dégageant "du temps de médecin face aux patients (...) notre défi collectif à court terme". Emmanuel Macron a ainsi promis d'"accélérer le recrutement des assistants médicaux" créés en 2018 pour les porter de "près de 4.000" actuellement à "10.000 d'ici la fin de" 2024. Un moyen de libérer "du temps médical" pour le suivi des patients par les médecins.
Dans cette même optique, il compte embaucher plus d'infirmiers et infirmières à l'hôpital. Si les places ouvertes aux concours d'infirmiers ont augmenté de "plus de 20% en trois ans", Emmanuel Macron s'est engagé à "aller encore plus loin". Mais il a exprimé la nécessité de travailler sur l'organisation des études, que trop d'élèves quittent en cours de route, et prôné "un système plus responsabilisant" en sortie de cursus, pour que les infirmières restent à l'hôpital.
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Refonder l'hôpital
Le président a ensuite exigé une meilleure organisation du temps de travail dans les hôpitaux "d'ici au 1er juin", en donnant plus d'autonomie à chaque service. Il a déploré une "hyper-rigidité" dans l'application des 35 heures et un système qui "ne marche qu'avec des heures supplémentaires".
Emmanuel Macron a aussi annoncé la création d'un tandem "administratif et médical". Il sera constitué sur la base d'un "projet", instauré à la tête des hôpitaux. Une manière de conférer une place plus importante aux médecins, dont beaucoup critiquent la dérive bureaucratique de la gestion hospitalière.
Enfin, il compte sortir de la tarification à l'activité. Dès le prochain budget de la Sécurité sociale, le président de la République souhaite la sortie de la fameuse T2A, souvent accusée de pousser à la suractivité avec des effectifs moindres. "Il faut qu'il y ait une part structurante de la rémunération qui repose sur des objectifs de santé publique qu'on négocie à l'échelle d'un territoire", a-t-il estimé.
Un médecin traitant pour chaque malade chronique
Parmi les mesures, le président a évoqué la rémunération des gardes. Il souhaite "mieux rémunérer" les praticiens de ville qui assurent la permanence des soins et "prennent en charge des nouveaux patients", afin que les Français "trouvent facilement un médecin de garde".
Face à la pénurie du personnel, le chef de l'État entend aussi proposer un médecin traitant à chaque patient souffrant d'une maladie chronique, soit 600 000 personnes en France. À défaut de "médecin traitant", elles auront accès à "une équipe traitante" de soignants de diverses disciplines.
Enfin, il veut encourager la télémédecine. Actuellement, un médecin ne peut réaliser, sur une année civile, plus de 20 % de son volume d'activité à distance (téléconsultations et télé-expertises cumulées). Le président plaide pour la libéralisation de la "télé-expertise", en critiquant ce seuil.