Tétanie, douleur, noyade… attention à cet animal très urticant sur les plages
La physalie, un invertébré marin très urticant et potentiellement dangereux a envahi les plages basco-landaises, soumises à des fermetures temporaires quand les blessés affluent au poste de secours.
Des allures de chausson aux pommes translucide et violacé. La physalie est un animal invertébré qui flotte à la surface de la mer, cachant sous l'eau ses longs filaments très urticants.
Contrairement aux apparences, il ne s’agit pas d’une méduse. Mais le contact avec ses tentacules qui peuvent atteindre 20 mètres de long peut être très douloureux et occasionner un risque de noyade.
Sable, eau salée, mousse à raser et vinaigre
"Quand on a un afflux de cinq-six blessés, on ne peut pas à la fois les soigner et assurer la surveillance dans l'eau. Et quand il y a un danger, notre seule option c'est d'empêcher les gens de se baigner", raconte à l’AFP Peyo Peyreblanque, chef du poste de secours sur la plage de l'Uhabia, à Bidart. C’est à lui que revient la décision de hisser temporairement le drapeau rouge.
Les blessures ne sont pas traitées à la légère. "Elles sont impressionnantes, comme des gros coups de fouet. Chez certains, ça tétanise le muscle", souligne le pompier.
Les soins consistent à frotter la plaie avec du sable mouillé, à rincer à l'eau salée puis à appliquer de la mousse à raser. Les résidus de filaments sont raclés avec une spatule en bois et la peau lavée enfin à l'eau de mer vinaigrée. Le blessé est gardé 30 minutes sous surveillance.
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Un risque de noyade dans 8 à 10% des cas
Cheffe de service du centre anti-poison au CHU de Bordeaux, la Docteure Magali Oliva-Labadie a fait évoluer ce protocole depuis qu'une étude récente en Espagne, où la physalie sévit aussi, a prouvé l'efficacité du vinaigre pour limiter l'envenimation.
D'après ses propres recherches, menées après des afflux de physalies en 2008 et 2010, la médecin estime que les complications graves - tétanie musculaire, voire détresse respiratoire, pouvant entraîner la noyade - surviennent "dans 8 à 10% des cas".
Sept patients sur dix décrivent une douleur très forte, pour certains "pire qu'un accouchement sans péridurale ou qu'une colique néphrétique". Mais elle ne dure pas longtemps, en général une à deux heures. Ces dernières semaines, "quatre-cinq" cas graves - sans détresse respiratoire - sont survenus sur le littoral aquitain, selon la Dre Oliva-Labadie.
Courants chauds et vents forts
Les physalies concernent "tout le sud du Golfe de Gascogne, des Asturies en Espagne jusqu'au nord des Landes", souligne Elvire Antajan, chercheuse à l'Ifremer, pour qui l'épisode actuel n'a "rien d'exceptionnel".
Les physalies vivent dans les eaux tropicales des Caraïbes ou du Golfe du Mexique et suivent les courants chauds du Gulf Stream. D'habitude cantonnées au large, elles ont été "rabattues" par de forts vents entre fin juin et mi-juillet, explique la spécialiste.
L'animal est mal connu, notamment son cycle de reproduction, alors que la présence de nombreuses physalies juvéniles, de la taille d'un pouce, surprend cette année. Difficile, aussi, d'anticiper leur trajectoire et leur arrivée sur les plages.
Le réchauffement climatique, qui profite aux méduses, explique-t-il la présence massive de physalies ? "C'est bien trop tôt pour le dire", répond Elvire Antajan, "il faudrait étudier la récurrence des vents qui les rabattent sur les côtes et pouvoir établir un lien avec le dérèglement du climat".
La météo des prochains jours pourrait tourner en faveur des baigneurs, avec des vents susceptibles d'éloigner les physalies.