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Traiter l'addiction à la cocaïne grâce à la kétamine, c'est possible ?

Et si la kétamine pouvait soigner l'addiction à la cocaïne ? C'est en tout cas ce que suggère une nouvelle étude fondée sur l'intelligence artificielle. Décryptage.

Dr Charlotte Tourmente et Muriel Kaiser
Rédigé le , mis à jour le
Drogues, alcool : les bons réflexes à adopter en cas d'addiction  —  Allo Docteurs - Newen Digital

La consommation de cocaïne est en pleine augmentation en France. C'est même la deuxième drogue la plus consommée, d'après l'Observatoire français des drogues et des tendances (OFDT).

Pour le moment, aucun médicament n'a l'AMM, la fameuse Autorisation de Mise sur le Marché, délivrée par les autorités sanitaires, pour traiter cette addiction. Et comme la recherche sur de potentiels nouveaux traitements se révèle coûteuse, il est parfois plus simple de regarder si des médicaments déjà existant pourraient être intéressants.

C'est exactement ce qu'ont fait des chercheurs américains, qui publient une étude dans la revue Addiction. D'après eux, la kétamine, un produit initialement utilisé en médecine vétérinaire, pourrait être efficace dans le sevrage à la cocaïne.

90 millions de dossiers étudiés

Le design de l'étude est original puisqu'ils se sont servis de l'intelligence artificielle (IA) pour identifier les médicaments les plus prometteurs dans le sevrage de la cocaïne. 35 sont d'abord sortis du lot.   

90 millions de dossiers médicaux électroniques ont été passés au crible par l'intelligence artificielle. Les chercheurs ont sélectionné les patients identifiés comme dépendants à la cocaïne et ayant pris un des médicaments prometteurs.

Pour chacun des 35 médicaments sélectionnés, ils ont calculé le taux de rémission de plus d'un an chez des patients dépendants à la cocaïne. C'est ainsi qu'ils ont pu évaluer leur efficacité potentielle.

La kétamine sur le podium

Résultat final ? C'est la kétamine qui est sortie du lot. Elle avait été utilisée soit comme traitement de la dépression (chez 3 871 patients) soit au cours d'une anesthésie (chez 3 975 patients). Chaque groupe a été comparé à un groupe contrôle de même taille n'ayant pas reçu de kétamine.

La kétamine est sortie au 6e rang des 35 médicaments prometteurs mais c'est le seul à avoir été recommandé par tous les membres du comité consultatif, composé d'experts.  

Des analyses génétiques ont ensuite été réalisées, à la fois chez des êtres humains et des souris, afin de déterminer la relation entre kétamine et la dépendance à la cocaïne. 

De façon schématique, les chercheurs ont trouvé des gènes impliqués à la fois dans les mécanismes métabolisant la kétamine et favorisant la dépendance à la cocaïne. Ce qui pourrait expliquer son efficacité.

Des résultats à consolider

Ce travail n'est qu'un début. Le taux de rémission était très modeste (1 à 3 %) mais les experts estiment qu'il s'agit d'un signal convaincant pour une potentielle efficacité.

D'ailleurs, ce résultat ne surprend pas le Pr Amine Benyamina, addictologue et chef de service de psychiatrie de l’hôpital Paul Brousse (AP-HP) à Villejuif. "Des associations statistiques montraient déjà que certains marqueurs génétiques ont des réponses qui marchent mieux".

Problème : "on ne sait pas pourquoi". C'est pour cela que pour l'heure, il n'est pas possible d'affirmer qu'il s'agit d'une relation de cause à effet entre la kétamine et le sevrage de la cocaïne. 

Concernant la méthodologie originale utilisée dans l'étude, le spécialiste émet par ailleurs des réserves :"Il faut d'une part tester la fiabilité de l'outil IA", explique le Pr Amine Benyamina. Et d'autre part, pour confirmer ces premiers résultats,"il faut passer à des études classiques et générer des mesures", poursuit-il. Pour autant, "cela ne disqualifie pas le sérieux de l'étude". C'est même la conclusion des chercheurs : ils soulignent la nécessité d'études complémentaires pour étayer ce résultat.

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