Trois professionnels de santé se suicideraient tous les deux jours
La dernière campagne de l'association Soins aux Professionnels de Santé (SPS) alerte dans une vidéo choc sur les chiffres alarmants des suicides chez les soignants. Elle rappelle que des dispositifs d'aide existent.
"Qui nous soignera quand nos professionnels de santé ne seront plus là ?" La phrase interpelle. Les images aussi. Âme sensible s'abstenir,
la vidéo de la campagne de l'association Soins aux Professionnels de Santé (SPS) montre des soignants qui parlent de leur mal-être à
une patiente, puis passent à l'acte. Défenestration, pendaison, suicide par arme
à feu, rien n'est épargné. Avec ces images choc, le film a plusieurs objectifs
: lever les tabous, faire bouger les lignes et in fine, promouvoir les actions
de prévention.
Deux à quatre fois plus de risques de suicide
Car le suicide des professionnels de santé reste tabou. S'il n'existe pas d'évaluation chiffrée officielle, le calcul de façon proportionnelle à partir du nombre annuel de suicides (9.000 personnes), arrive à un nombre pétrifiant : trois professionnels de santé se suicideraient tous les deux jours. Un chiffre sous-estimé si l'on en croit la fréquence du suicide chez certaines catégories de soignants...
Chez les médecins, elle est deux fois plus élevée que dans la population générale. Parmi les vétérinaires, ce risque est deux à quatre fois plus élevé et les internes en médecine se suicident trois fois plus que les autres étudiants. Et près de deux-tiers des professionnels de l'urgence seraient en burn-out, d'après une enquête récente de la Société européenne de médecine d'urgence.
Une souffrance grandissante
Depuis plusieurs années, la souffrance grandissante des professionnels de santé est régulièrement abordée dans les médias. Elle s'est exacerbée durant la pandémie de Covid-19, nécessitant en urgence un dépistage et une prise en charge efficaces. À la fois pour ceux qui souffrent mais aussi pour la population qui dépend d'eux pour leurs soins...
Le métier de médecin, d'infirmier, de tout professionnel travaillant dans le domaine de la santé, nécessite d'être en bonne santé psychologique. Il est primordial d'être attentif à ceux que l'on prend en charge, d'être disponible mais aussi vigilant pour poser le bon diagnostic, offrir les meilleurs soins.
Ce que l'on est incapable de faire lorsque l'on est en souffrance psychologique.
Se faire soigner pour continuer à soigner
Ceux qui soignent n'ont pas l'habitude d'être vulnérables, de demander à l'aide. Reconnaître sa souffrance et en parler, en dépit des craintes et des préjugés véhiculés par le suicide, est pourtant le seul moyen de pouvoir aller mieux.
L'association Soigner les Professionnels de santé a mis en place le dispositif SPS pour écouter, orienter et soutenir. Plate-forme ouverte 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, elle consiste en un numéro vert, le 0 805 23 23 36, et une application SPS, qui oriente vers un psychologue. Les appels sont anonymes, gratuites et confidentiels. Entre janvier et juin 2022, ce numéro vert a reçu plus de 15 appels par jour, dont 30 % la nuit.
Le but est d'identifier la crise suicidaire et de la désamorcer, ainsi que de mettre en place des actions pour éviter le passage à l'acte. Le psychologue qui répond au numéro vert orientera également en fonction du risque, vers un autre psychologue, un généraliste, un psychiatre ou d'autres réseaux de soin.
NB : nous avons choisi de ne pas intégrer la vidéo dans l'article, afin de ne pas choquer les personnes en souffrance, comme l'explique le collectif Papageno.
En savoir plus :
· Covid-19, la souffrance des jeunes soignants face à la pandémie
· Covid : pourquoi les soignants sont-ils nombreux à quitter l'hôpital ?
· Burn out infirmier : "J'aime mon métier, mais je suis incapable d’y retourner"
Autres dispositifs d'aide : · Numéro vert : 3114
· psycom
· Dispositifs recensés par le site du Ministère de la Santé et de la Prévention