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Contre le Covid, seul Pfizer est recommandé pour la troisième dose

Le 15 octobre dernier, la Haute Autorité de Santé a rendu un avis défavorable au vaccin Moderna pour la campagne de rappel.

Alicia Mihami
Rédigé le
Crédits Photo : © Shutterstock / Roger Brown Photography

Pour la troisième dose, ce sera Pfizer. Alors que les campagnes de rappel de vaccin anti-Covid commencent, la Haute Autorité de Santé (HAS) a rendu un avis dans lequel elle recommande d'utiliser exclusivement le vaccin de Pfizer/BioNtech.

La HAS juge aussi prudent d'attendre un avis de l'agence européenne du médicament avant d'utiliser le vaccin Moderna, évoquant "les inconnues qui demeurent sur la dose et la population cible pour le rappel par Moderna". 

Des vaccins jugés inefficaces et impopulaires

Pourquoi Pfizer est-il le seul vaccin recommandé pour les rappels ? Pour Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond Poincaré, "le vaccin AstraZeneca n’a pas de succès. Il n’y a que peu de Français vaccinés avec des vaccins à vecteurs viraux, à la fois pour des raisons de contre-indications et de moindre efficacité sur le variant Delta". 

Il souligne aussi un problème d’impopularité. "Aujourd'hui, la campagne de la troisième dose est un peu poussive. Ce n’est certainement pas en proposant aux Français une vieille Clio d’occasion qu’on va régler le problème".

Exit le vaccin AstraZeneca donc. Mais qu’en est-il de Moderna ? Des études montrent pourtant que ce vaccin serait le plus efficace dans la durée pour protéger contre le Covid-19. "Si la problématique est celle de la durabilité du taux d’anticorps, et de booster l’immunité, il faudrait utiliser le vaccin le plus booster", explique le Dr Davido. 

Mais il faut prendre en compte la frilosité des Français : les vaccins contre le Covid-19 sont sujets à de nombreuses interrogations et campagnes de désinformation. Dans le cas de Moderna, la méfiance vient des cas de péricardites, une inflammation de la membrane enveloppant le coeur, signalés chez des patients jeunes ayant reçu le vaccin. 

Entre interrogations et désinformation

Un effet secondaire rare et facile à traiter, qui serait dû à la concentration du vaccin.  “La HAS a pointé du doigt ce problème” en précisant que "le corollaire était probablement un vaccin très concentré en ARN, à 100 microgrammes". 

Pour Benjamin Davido, la question est donc de savoir s’il est judicieux de baisser la teneur en ARN du vaccin Moderna : "Est-ce que finalement, on ne perd pas de vue l’objectif de l’efficacité du vaccin, au détriment d’un effet indésirable ?"

Pfizer, ou le principe de précaution

"Le mieux est l’ennemi du bien", résume le Dr Davido. Les autorités sanitaires françaises attendent donc d’en savoir plus sur Moderna et jouent la carte de la "sécurité" avec Pfizer. L’Agence européenne du médicament planche sur ses propres recommandations concernant les campagnes de rappel. 

Aux États-Unis, le National Institute of Health (NIH) mène des essais pour évaluer les bénéfices des "cocktails" de boosters. Les premiers résultats semblent indiquer que mélanger les vaccins dans un même schéma vaccinal  permet de renforcer considérablement l’immunité. 

Informer pour dissiper les inquiétudes

En attendant les résultats définitifs de ces essais, pour le Dr Davido il faut surtout renforcer l’information sur la campagne de rappel. "Aujourd’hui cette campagne, elle est inexistante. Elle devrait s’afficher sur les abribus, il devrait y avoir des spots télés… Or on a choisi de ne pas en parler, et quand on en parle c’est seulement pour dire ‘Attention’", déplore le Dr Davido. 

Les recommandations de la HAS sont "des messages de clarté et d’optimisation, qui sont quotidiens en médecine", rappelle l’infectiologue. Ils ne doivent pas être interprétés comme une forme d’hésitation ou un signal péjoratif par ceux qui ne sont pas encore vaccinés. 

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