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Un "guérisseur" auvergnat jugé pour viols et agressions sexuelles sur 12 patients

Un "paysan guérisseur" connu en Auvergne pour ses dons de rebouteux va être jugé à partir de mercredi pour trois viols et neuf agressions sexuelles sur des patients, sous couvert de pratique thérapeutique.

Alexis Llanos avec AFP
Rédigé le
L'accusé a reconnu les faits, assurant que cette pratique avait pour but de "calmer les nerfs" ou de "débloquer".  —  Shutterstock

Michel Boudon, 72 ans, agriculteur à la retraite, a conquis une certaine célébrité grâce à plusieurs reportages télévisés, à un court-métrage et à une biographie écrite par un auteur local sur les talents de celui qu'il décrit comme un "paysan montagnard, dresseur de bœufs et guérisseur". L'homme, qui vivait jusqu'à son arrestation dans la ferme héritée de ses parents à Saint-Jean-des-Ollières (Puy-de-Dôme), est accusé de multiples viols et agressions sexuelles sur ses patients, sous couvert de pratique thérapeutique. Il va être jugé à partir de ce mercredi 4 octobre devant la cour criminelle départementale de Riom (Puy-de-Dôme).

Des fellations "pour soigner les verrues"

Mais en 2020, à l'issue d'une consultation, un jeune homme alors âgé de 23 ans, fait état d'une fellation pratiquée par le guérisseur qu'il était venu voir après un grave accident de la route. Entendue par les gendarmes, la victime précise que les faits se sont déroulés dans la cuisine de l'accusé, lors de la consultation.

"Il a imposé une fellation à mon client comme à la plupart des autres victimes en évoquant la nécessité de manipuler la zone basse du bassin, et entendait ainsi soigner les verrues, les maux de dos, etc.", explique Pierre-Emmanuel Girard, l'avocat du jeune homme.

Sur commission rogatoire, les enquêteurs vont entendre d'autres victimes, des hommes dont les plaintes avaient précédemment été classées sans suite.

Après une interdiction d'exercer, il récidive

L’agriculteur a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d'exercer toute activité de magnétiseur ou rebouteux. Mais d'autres victimes se font connaître en 2021, et il est accusé d'avoir poursuivi ses consultations et réitéré des actes sexuels, selon les informations recueillies par l'AFP. Il a depuis été placé en détention dans l'attente de son procès.

Lors de ses différentes auditions, l'accusé a reconnu les faits, assurant que cette pratique avait pour but de "calmer les nerfs" ou de "débloquer". Le septuagénaire qui dit n'avoir jamais eu de relation sentimentale, a toujours vécu avec ses parents et sa grande-mère maternelle, se retrouvant seul dans la ferme familiale après leur décès.

À lire aussi : Une enquête ouverte après deux viols dans un hôpital à Nanterre

Les victimes dans l’incapacité de réagir

Parfois jeunes, les victimes ont pour point commun leur vulnérabilité liée à la maladie, à un handicap ou à leur âge. Venues consulter pour des douleurs à la jambe, un eczéma, des problèmes intestinaux, toutes font état de leur "sidération" et de leur "surprise" face à celui qu'elles accusent. Elles disent avoir été dans l'incapacité de réagir.

"Quand vous faites cette démarche, il y a une part de confiance, un laisser-aller. Mais dans la conscience collective, l'approche est compliquée : ce sont des hommes, majeurs, et ils n'ont pas réagi", souligne Me Maud Vian, avocate de deux autres victimes.

L’accusé risque 20 ans de prison

"Le procès fera la part des choses entre le bien qu'il a procuré à des centaines voire des milliers de personnes, et le mal qu'il a fait, selon d'autres personnes, qui étaient soignées sans perversion de sa part", a déclaré à l'AFP son avocat Me Patrick Roesch, qui n'a pas souhaité s'exprimer davantage. Poursuivi pour trois viols et neuf agressions sexuelles, son client encourt 20 ans de réclusion criminelle.

"Malgré cela, il bénéficie toujours d'une certaine aura, se voit conforté dans son “art de guérison” avec un court-métrage, des livres et des commentaires élogieux sur internet alors que mon client a toujours du mal à se reconstruire et que le procès va être une épreuve pour lui" déplore de son côté Me Girard. Celui-ci est persuadé que la liste des victimes pourrait s'allonger et que "certains n'ont pas parlé par sentiment de honte". Le verdict est attendu ce vendredi 6 octobre.


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